Benghazi : le rapport qui accuse

L'ambassadeur américain avait perdu la vie dans l'attaque du consulat de Benghazi, le 11 septembre 2012.
L'ambassadeur américain avait perdu la vie dans l'attaque du consulat de Benghazi, le 11 septembre 2012. © REUTERS
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avec agences
Le département d’État est mis en cause après l’attaque qui a tué l’ambassadeur américain.

Le constat est accablant. Un dispositif de sécurité "inadapté", une "véritable confusion" sur le terrain et à Washington, un manque de "leadership" dans deux services : les conclusions du rapport sur l’attaque de Benghazi, qui a coûté la vie à l’ambassadeur des États-Unis en Libye le 11 septembre dernier, sont particulièrement sévères pour le département d’État d’Hillary Clinton. Ce rapport est le fruit de trois mois de travail du Comité de révision (ARB), une commission indépendante, mise sur pied par la secrétaire d’État elle-même. Seule sa partie "non confidentielle" a été rendue publique.

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On y apprend qu’avant l’attentat qui a aussi causé la mort de trois autres agents américains, les services d’espionnage américains ne disposaient d’"aucun renseignement immédiat et spécifique" à propos d’une menace terroriste contre cette ambassade.

"Des ratés et des carences"

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Les experts fustigent encore "des ratés et des carences au niveau de deux bureaux du département d’État qui ont conduit à mettre en place un dispositif de sécurité [au consulat de Benghazi] qui était largement inadéquat pour faire face à l’attaque". Le Bureau des Affaires proche-orientales et le Bureau de la sécurité diplomatique sont expressément mis en cause.

Pour la commission d’enquête, aucun fonctionnaire n’a manqué à ses devoirs, mais certains responsables ont fait preuve de "manque de réactivité" face aux inquiétudes exprimées par les diplomates en poste. Elle juge aussi "inapproprié" le fait que la sécurité du consulat dépendait largement de la Brigade des Martyrs du 17-Février, une milice libyenne "armée mais faiblement qualifiée", et de vigiles non armés.

Les autorités libyennes en prennent également pour leur grade : leur réaction a été "profondément insuffisante". Les services de renseignement américains sont aussi critiqués pour n’avoir adressé aucune "mise en garde spécifique" avant l’attaque. La commission souligne aussi "la mauvaise évaluation des milices de Benghazi et de la menace qu’elles constituent pour les intérêts américains".

Un bilan terni pour Clinton

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Hillary Clinton, qui se remet d’une commotion cérébrale après un malaise, n’a pas tardé à réagir face à ces critiques sévères : la secrétaire d’État a aussitôt ordonné à ses services d’appliquer "rapidement et intégralement" les recommandations de la commission. Des centaines de Marines supplémentaires vont notamment être envoyés pour assurer la sécurité des diplomates américains dans le monde.

Reste que ce rapport vient ternir le bilan de ses quatre ans passés à la tête du département d’État, alors qu'Hillary Clinton s'apprête à quitter ses fonctions et est une des personnalités citées pour l'élection de 2016. Mais la véritable victime politique de l’attaque de Benghazi, c’est Susan Rice, ambassadrice des États-Unis à l’ONU, un temps pressentie pour lui succéder, analyse le site Politico. Ses déclarations malheureuses sur cette attaque, qu’elle a liée à tort aux manifestations dues au film anti-islam qui a embrasé le monde arabe, lui ont d'ores et déjà coûté ce poste.