Armes chimiques en Syrie : le rôle-clé des médecins

En Syrie, les médecins s'organisent pour collecter des échantillons.
En Syrie, les médecins s'organisent pour collecter des échantillons. © REUTERS
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et Walid Berrissoul , modifié à
ZOOM - Les médecins s’organisent pour conserver des échantillons après les attaques.

Les témoignages des médecins sont pour l’heure les seuls éléments attestant de ce qui s’est passé près de Damas mercredi. Les inspecteurs de l’ONU n’ont en effet toujours pas pu se rendre dans le secteur où des armes chimiques auraient été utilisées, faisant 1.700 morts selon l’Armée syrienne libre, un chiffre impossible à vérifier. Pour récolter des preuves et conserver les traces de ces attaques, ce sont donc les médecins eux-mêmes qui s’organisent.

Le réflexe des médecins. L’offensive a eu lieu dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, dans la banlieue sud-ouest de Damas, une zone aux mains des rebelles. Au milieu de la panique, dans des hôpitaux de fortune, les médecins ont eu le réflexe de prélever des échantillons contaminés.

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Prise de sang, cheveux et terre. Le protocole est très précis, explique à Europe 1 le médecin Raphaël Pitti, spécialiste de la médecine de guerre, qui est en contact permanent avec eux. "Nous avons envoyé le protocole de prélèvement, en expliquant ce qu’il fallait prélever, comment il fallait le prélever et comment il fallait le conserver", indique le praticien. "C’est une prise de sang, quelques cheveux mis dans un tube à essai et des urines, prélevées dans un petit flacon stérile", décrit Raphaël Pitti, ajoutant qu’il faut aussi tenter de prélever de la terre "autour de l’impact de l’obus".

Les échantillons au frigo. Une fois les divers éléments prélevés, ils doivent être mis au réfrigérateur. "Après, il n’y a plus d’urgence", souligne Raphaël Pitti, pour qui "l’important c’est que ce soit fait convenablement, mis dans un réfrigérateur et que le froid soit maintenu jusqu’à l’arrivée dans un laboratoire d’analyses". Les échantillons peuvent ainsi rester des semaines, le temps de les acheminer vers un laboratoire français, via le Liban ou la Jordanie. Une opération pour le moment quasiment impossible, tant les bombes tombent encore sur ce secteur encerclé depuis des mois par l’armée de Bachar al-Asssad. Et situé à une quinzaine de minutes en voiture de l’hôtel où se trouvent les inspecteurs de l’ONU.

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