Hollande : un usage "probable" d'armes chimiques en Syrie

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Charles Carrasco , modifié à
DIPLOMATIE - La communauté internationale demande une enquête de l'ONU au lendemain de l'offensive meurtrière.  

#L'ESSENTIEL

- Hollande juge "probable" l'utilisation d'armes chimiques.
- La communauté internationale reste divisée et demande des vérifications sur le terrain.
- La Syrie dément toujours ces accusations de massacre.

#SUR LE TERRAIN

Un médecin syrien raconte l'horreur au lendemain d'une attaque chimique.

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• Que sait-on sur l'offensive ? Une offensive a eu lieu mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs de la banlieue sud-ouest de Damas aux mains des rebelles. Cette attaque a fait un grand nombre de victimes, même si le bilan reste imprécis. L'opposition a fait état de plus de 1.300 morts, mais l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et médecins, n'a comptabilisé que 170 morts (71 hommes, 34 femmes, 25 enfants, 40 combattants) et n'a pu confirmer un recours aux armes chimiques. Jeudi, les forces du président syrien ont repris jeudi le bombardement des faubourgs dans la capitale syrienne. Des roquettes tirées par des "orgues de Staline" et des obus de mortier se sont abattus aux premières heures du jour.

Des experts sur place. Les experts de l'ONU sont arrivés dimanche en Syrie. Leur mandat se limitait à déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans le passé à Khan al-Assal (nord), Ataybé (près de Damas), et à Homs (centre). Mais l'ONU a annoncé que le chef de cette équipe, Aake Sellström, avait entamé des négociations avec le régime pour pouvoir enquêter sur l'attaque de mercredi. Des ONG internationales, comme Human Right Watch, ont aussi réclamé une enquête de ces experts.

• Un remaniement. Le président syrien Bachar al-Assad a procédé jeudi à un remaniement ministériel en nommant six nouveaux ministres, principalement dans le domaine économique, a annoncé l'agence officielle Sana.

#LA DIPLOMATIE

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Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Lors d'une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU mercredi soir, ses membres ont réclamé de faire "la lumière sur ce qui s'est passé" et salué la "détermination du secrétaire général Ban Ki-moon à mener une enquête approfondie, impartiale et prompte". L'ONU a demandé formellement au gouvernement syrien d'autoriser les experts onusiens à enquêter près de Damas sur des accusations de massacre à l'arme chimique et  "espère recevoir rapidement une réponse positive".

France, Etats-Unis, Israël, Turquie d'un côté.... François Hollande a évoqué jeudi "l'usage probable d'armes chimiques" lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, à propos des "massacres intervenus en Syrie" dans la nuit de mardi à mercredi, a déclaré l'Elysée. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a, lui, tracé un parallèle avec le massacre d'Halabja en 1988 en Irak, où des milliers de Kurdes irakiens avaient été tués dans des attaques chimiques lancées par le régime de Saddam Hussein. Si le massacre était avéré, il faudrait "une réaction de force", y compris sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, a-t-il estimé.

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Washington "ne parle pas de ligne rouge aujourd'hui", a souligné la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, un an après la célèbre formule du président Barack Obama qui est d'ailleurs très critiqué dans le camp républicain pour son inaction dans ce dossier. "Le président Obama et ses militaires sont extrêmement réticents à être entraînés dans toute activité militaire en Syrie quelle qu'elle soit", a rappelé jeudi sur la BBC l'ancien ambassadeur britannique à l'Onu, Sir Jeremy Greenstock. Israël a redit jeudi pour sa part que les forces syriennes avaient bien utilisé, selon ses services de renseignement, des armes chimiques mercredi, "pas pour la première fois", et l'Etat juif a accusé les grandes puissances de fermer les yeux.  La Turquie va, elle, plus loin estimant que "la ligne rouge a été franchie depuis longtemps" et réclame une intervention internationale.

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… Iran, Chine, Russie de l'autre. Dans le camp adverse, la Russie et l'Iran, qui soutiennent le régime du président Bachar al-Assad, ont de nouveau pris la défense de leur allié. Si l'information concernant l'utilisation d'armes chimiques est exacte, très certainement elles ont été utilisées par les groupes terroristes", a assuré le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. La Russie a, elle, estimé jeudi que les experts de la mission de l'ONU en Syrie devaient obtenir l'accord du régime de Bachar al-Assad pour se rendre sur les lieux de l'attaque. "D'après ce que nous savons, cet endroit est contrôlé par les rebelles et nous partons du principe que la mission (de l'ONU, ndlr) doit se mettre d'accord avec la partie syrienne", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch qui assure pour le moment que "personne n'avait pour le moment de confirmation d'une attaque à l'arme chimique".

Autre allié de Bachar al-Assad, la Chine a souhaité que les experts des Nations Unies présents en Syrie agissent de manière "objective, impartiale et professionnelle" et en "pleine concertation" avec les autorités de Damas. Ces dernières ont répété jeudi qu'il n'avait pas fait usages de gaz neurotoxiques car cela aurait été, disent-ils, un "suicide politique" au moment où les experts sont sur place.