19 ans après, l’Algérie lève l'état d’urgence

Le président algérien a levé l'état d'urgence, en place depuis 19 ans dans le pays.
Le président algérien a levé l'état d'urgence, en place depuis 19 ans dans le pays.
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avec AFP
Aboli jeudi par décret, il avait été mis en place pour lutter contre le terrorisme.

C'était une demande des manifestants... L'état d'urgence en vigueur dans le pays le 9 février 1992 pour lutter contre la guérilla islamiste a été levé jeudi, selon un décret publié au Journal Officiel. Il avait été prorogé un an plus tard.

Le décret avait été promis par le président Abdelaziz Bouteflika début février. Il avait été adopté en conseil des ministres mardi dernier et son application avait été alors annoncée comme "imminente". Sa levée était une revendication de l'opposition, notamment la Coordination nationale pour la Démocratie et le changement, qui avait organisé deux manifestations pour obtenir un "changement du système".

L’armée toujours chargée de la lutte contre le terrorisme

Le gouvernement avait toutefois précisé que, malgré la levée de l'état d'urgence, l'armée resterait en charge de la lutte anti-terroriste. Elle reste en première ligne dans la lutte contre les groupes armés islamistes qui continuent leurs attaques, comme récemment au Sahara où ils ont kidnappé une touriste italienne.

L'état d'urgence avait été instauré pour contrer la guérilla islamiste déclenchée après l'annulation des résultats des élections législatives de décembre 1991, alors que le Front Islamique du Salut était en passe de remporter. Il avait permis aux militaires d’obtenir des pouvoirs de police et s'est traduit par une restriction des libertés politiques qui a notamment empêché les partis de se déployer deux ans après la reconnaissance du pluralisme politique en 1989.

L'Algérie s'était alors enfoncée dans une guerre civile qui a fait jusqu'à 200.000 morts, selon les sources officielles.

Et pourtant, le soulèvement du peuple se poursuit

La levée de l'état d'urgence intervient à deux jours d'une nouvelle marche de l'opposition prévue samedi à Alger, et qui reste interdite, comme les deux précédentes. Et ce, alors que le gouvernement a pris mardi des mesures en faveur de l'emploi et du logement.

Depuis le début de l’année, plusieurs émeutes contre la vie chère ont eu lieu. Elles se sont soldées par un bilan de cinq morts et plus de 800 blessés.