Un ex-entraîneur de foot renvoyé aux assises pour viols et agressions sexuelles sur mineurs

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Ces dernières années, de nombreuses affaires d'agressions sexuelles dans le sport ont été révélées (Illustration). © FRANCK FIFE / AFP
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Europe 1 avec AFP
Un ancien entraîneur de football est soupçonné d'avoir profité de son aura auprès de jeunes mineurs rêvant de devenir joueurs professionnels pour les abuser sexuellement. Des faits qui se seraient produits entre 2003 et 2018. Les dates de son procès devant la cour d'assises n'ont pas encore été communiquées.

Un ancien entraîneur de football est renvoyé devant la cour d'assises pour des viols ou des agressions sexuelles sur des mineurs entre 2003 et 2018 en région parisienne : il profitait de son aura auprès de jeunes rêvant de devenir joueurs professionnels pour les abuser sexuellement.

Ahmed G., 48 ans, "a transformé ces relations de joueurs à entraîneur en relations à caractère sexuel afin d'assouvir (son) attirance" pour les adolescents d'origine africaine, âgés pour la plupart de moins de 15 ans, résume une juge d'instruction parisienne dans son ordonnance de renvoi du 4 février.

Un "mode opératoire récurrent"

Les faits ont été mis au jour en octobre 2015, lorsque la mère d'un adolescent de 13 ans découvre dans le portable de son fils des messages à caractère sexuel de son entraîneur. Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en février 2016 avec interdiction de fréquenter des mineurs, Ahmed G. est incarcéré un mois plus tard : il a poursuivi les contacts avec des jeunes et les entrainements. 

Après un an de détention, il est libéré avec à nouveau l'interdiction de côtoyer terrains de foot et adolescents. Mais il est réincarcéré en février 2019 : il entraînait des jeunes dans un club francilien. Entre temps, il a violé un autre garçon. L'enquête a permis d'identifier plusieurs victimes, des jeunes noirs passionnés de football, issus d'un milieu modeste, qui "vouaient une admiration à Ahmed G." "Il conteste tous les viols. Il reconnaît en revanche certaines agressions sexuelles, mais en conteste d'autres", explique son avocate, Me Peggy Salomé. 

Ahmed G. utilise un "mode opératoire récurrent": il se présente comme un recruteur pour centres de formation, offre aux jeunes des cadeaux, les conseille, les raccompagne après les entraînements. Il gagne la confiance des parents et devient "un référent", décrit la magistrate. Une fois la relation de proximité installée, il commet ses premiers attouchements - caresses et baisers -, puis fellations et pénétrations si l'adolescent ne résiste pas. Si le mineur s'y oppose, il prétend que ses gestes sont des marques d'affection ou des massages. 

Des jeunes "sous emprise"

L'éducateur, "malin et manipulateur" selon l'accusation, demande à ses victimes d'effacer les échanges sur leurs téléphones et de taire les relations sexuelles. "Une omerta s'installe chez chaque enfant", souligne une source proche du dossier. 

L'enquête s'est heurtée à la difficile identification d'autres victimes et au mutisme des adolescents. "Selon nous, les victimes sont bien plus nombreuses. On a assisté à une libération de la parole, mais il s'agit d'un processus encore fragile", indique Me Agathe Blanc, qui défend quatre garçons.

D'après des témoignages, Ahmed G., marié et sans enfant, "était très proche de ses joueurs"."Il poussait les jeunes à venir chez lui après les matches pour jouer à la console ou regarder la télé. Les mineurs restaient très tard le soir", raconte un membre de son entourage sportif. 

"C'est un dossier extrêmement lourd, il a agi sur une très longue période : c'est un vrai prédateur", observe la source proche. Dès qu'il était soupçonné de comportements déviants dans un club, l'homme changeait de lieu, emmenant avec lui ses joueurs. "C'est dire l'emprise qu'il avait sur eux", soupire-t-elle. En 2012, Ahmed G. est dénoncé à la justice par un club, mais l'enquête est classée sans suite. 

Empêcher à tout prix ces comportements

"On ne peut pas accepter que des prédateurs utilisent le sport pour accéder à leurs jeunes victimes. Si on n'empêche pas ces comportements, on perd la confiance des parents et des licenciés", précise Me Benjamin Peyrelevade, avocat de la Fédération française de football, qui ignorait les soupçons et s'est depuis constituée partie civile. L'ex-entraîneur "a suivi un programme intensif (en prison) pour les délinquants sexuels", relate Me Salomé. "C'est quelqu'un de réadaptable, qui regrette ce qu'il a fait", assure-t-elle. 

Les dates du procès n'ont pas été fixées. Ces dernières années, de nombreuses affaires d'agressions sexuelles dans le sport ont été révélées et la ministre Roxana Maracineanu a fait de la lutte contre ces abus une priorité.