Un détrousseur de prêtre et son émule condamnés à de la prison ferme

Le clocher d'une église (photo d'illustration).
Le clocher d'une église (photo d'illustration). © AFP
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Déjà condamné 21 fois pour escroquerie à l’encontre d’hommes d’Eglise, Michel Gosse était jugé une nouvelle fois pour avoir, avec l’aide d’un complice, escroqué quelque 158 prêtres.

Il aurait été animé par une "obsession vengeresse". Déjà condamné 21 fois pour escroquerie à l’encontre d’hommes d’Eglise, Michel Gosse était jugé une nouvelle fois pour avoir, avec l’aide d’un complice, escroqué quelque 158 prêtres. Montant du butin : pas moins de 218.000 euros. Le tribunal correctionnel a condamné Michel Gosse à quatre ans de prison ferme. Son émule, Jacky Baudet, lui, a écopé de 2 ans de prison.

"Une obsession pour sa mission vengeresse". Pour comprendre le ressentiment de Michel Gosse envers les prêtres, il faut remonter à son enfance, durant laquelle il aurait été victime d’une série de viols et d'attouchements sexuels. Deux courriers, expédiés l'un par un archevêque du Vatican, l'autre par un évêché de Troyes, reconnaissent d’ailleurs ces préjudices, sans que l’affaire ne soit jamais porté devant un tribunal, indique L’Obs.

A la suite de ces abus, Michel Gosse a consacré sa vie à se venger, prenant pour cible autant d’hommes d’Eglise qu’il pouvait. Si bien qu’entre 1979 et 2010, il a arnaqué des dizaines de prêtres, ramassant plusieurs centaines de milliers d’euros. "Sur le plan criminologique, c'est stupéfiant de voir cette obsession pour sa mission vengeresse", défend à l’audience Me Dassa, qui évoque une forme de "catharsis". Et de résumer : "il a voulu leur faire payer ce qu'il a subi il y a 25 ans."

Implorer la générosité des prêtres avec un discours larmoyant. Sa technique était immuable. Après avoir glané sur Internet des informations au sujet des paroisses et du passé des prêtes qu’il visait, Michel Gosse inventait des histoires laissant prétendre qu’il était un ancien fidèle. Changeant à chaque fois de voix, de nom, de personnage, il prétendait, par exemple, que sa fille avait été baptisée par les soins du prêtre, détaille L’Obs.

Avant de sortir la même litanie : de graves difficultés financières et familiales, des conditions de vie indigentes. Il prétextait, par exemple, une facture de soins à régler dans les plus brefs délais, ou un dépôt de garantie à payer en urgence. Implorant la générosité de ses interlocuteurs à l’aide de ce discours larmoyant bien rodé, Michel Gosse parvenait à obtenir des sommes allant en moyenne de 500 à 1.500 euros. Entre 2009 et 2010, le prévenu a empoché 150.000 euros.

"J’observais en douce comment il s'y prenait". Avant d’être interrompu dans son entreprise d’escroquerie. Michel Gosse est interpellé et incarcéré en 2010 pour ces faits d’escroquerie en récidive. Pourtant, les magouilles ne s’arrêtent pas, car le prévenu a fait des émules : Jacky Baudet, chez qui il a vécu l’année avant son arrestation. En toute discrétion, ce dernier observe le système bien huilé de son colocataire. "Il passait ses coups de fil tôt le matin, je me levais, j'observais en douce comment il s'y prenait", confie Jacky Baudet à la barre. Entre 2010 et 2012, il empoche plusieurs dizaines de milliers d’euros. Une fortune qu’il jette au hasard des casinos qui se présentent sur sa route.

Accro aux jeux, Jacky Baudet est guidé par sa seule soif d’argent, mais continue à cibler les prêtres, comme le faisait son mentor. "Un choix qui ne relève en rien du hasard. Des hommes sensibles, habitués à aider les autres. Cette belle idée de charité a été totalement dévoyée par les prévenus", déplore la procureur de la République de Paris, selon Le Parisien. Absent du procès pour des raison de santé, Michel Gosse, qui purge une peine de prison jusqu’en 2018, a été condamné à 4 ans de prison ferme. Jacky Baudet, lui, a écopé de deux ans de prison ferme.