Un an avec sursis pour une anesthésiste jugée responsable de la mort d'une femme en couches

À la barre, le compagnon de la patiente, a raconté qu'une "dispute" avait éclaté entre les sages-femmes et l'anesthésiste. (Illustration)
À la barre, le compagnon de la patiente, a raconté qu'une "dispute" avait éclaté entre les sages-femmes et l'anesthésiste. (Illustration) © AFP
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avec AFP , modifié à
Il était reproché aux deux médecins d'avoir tardivement transféré en réanimation une patiente qui présentait des symptômes pouvant laisser penser à une hémorragie.

Une anesthésiste de l'hôpital de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, a été condamnée vendredi à un an de prison avec sursis et une interdiction d'exercer pendant cinq ans, après la mort en 2012 d'une femme de 29 ans victime d'une hémorragie post-accouchement.

Six mois de prison avec sursis avaient été requis dans cette affaire contre deux médecins, accusés d'homicide involontaire. La procureur avait pointé du doigt un "cumul de fautes graves". Le deuxième praticien, un obstétricien, a été relaxé. L'hôpital de Montfermeil, poursuivi en tant que personne morale, a quant à lui été condamné à 20.000 euros d'amende. Il était reproché aux deux médecins de n'avoir transféré que "très tardivement" en réanimation la patiente qui présentait des symptômes pouvant laisser penser à une hémorragie, et de ne pas avoir diligenté tous les examens nécessaires à temps.

Une "ambiance électrique" entre les sages-femmes et l'anesthésiste. Ce dimanche soir de juillet 2012, quelques heures après l'accouchement par césarienne de son deuxième enfant, une petite fille aujourd'hui âgée de cinq ans, la patiente était morte d'une hémorragie interne. L'établissement, où plus de 2.000 naissances ont lieu chaque année, était poursuivi notamment pour ne pas avoir correctement organisé la surveillance postopératoire. Le soir des faits, il n'y avait pas d'infirmière en salle de réveil. L'ambiance était "électrique" ce soir-là, a rappelé la procureure fin mai lors de l'audience qui avait duré douze heures. En cause, notamment, la "mésentente" qui règne entre l'anesthésiste et les sages-femmes.

Le transfert en réanimation suspendu. À la barre, le compagnon de la patiente a même raconté qu'une "dispute" avait éclaté entre les sages-femmes et l'anesthésiste. Resté au chevet de sa compagne, c'est lui qui finira par "courir" à la recherche de la sage-femme. Cette dernière, qui constate le "teint cireux, les cernes" de la patiente, appelle l'obstétricien qui préconise des antibiotiques et un transfert en réanimation. Mais il se range finalement à l'avis de l'anesthésiste, qui suspend le transfert.

La "déception" du compagnon de la jeune femme. À l'audience, jupe rouge et veste bleue classiques, la prévenue était apparue sûre d'elle, maintenant avoir observé une amélioration "spectaculaire" de l'état de la patiente. Le compagnon de la jeune femme avait, lui, dit sa "honte" et sa "déception" face à cette série de manquements qu'il ne s'imaginait pas possible dans un "hôpital en France".