Suicide d'une directrice : des centaines de personnes rassemblées "pour Christine"

Le corps de cette femme âgée de 58 ans a été découvert lundi matin dans le hall de son l'école, mais la mort est "vraisemblablement intervenue samedi". (Photo d'illustration)
Le corps de cette femme âgée de 58 ans a été découvert lundi matin dans le hall de son l'école, mais la mort est "vraisemblablement intervenue samedi". (Photo d'illustration) © PATRICK KOVARIK / AFP
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avec AFP
Directeurs d'école, enseignants, parents d'élèves, élus ou syndicalistes se sont rassemblés à la sortie des classes dans la cour d'une école maternelle de Pantin, en Seine-Saint-Denis, où une directrice d'école s'est donné la mort lundi. Ils appellent l'Education nationale et Jean-Michel Blanquer a "urgemment prendre acte du geste désespéré, et réagir en conséquence". 

"Pour Christine" : des centaines de personnes se sont rassemblées jeudi soir dans la cour d'une école maternelle de Pantin, en Seine-Saint-Denis, où une directrice d'école s'est donné la mort lundi, après avoir dénoncé dans une lettre ses conditions de travail.

Un geste "révélateur de la souffrance au travail"

Directeurs d'école, enseignants, parents d'élèves, élus ou syndicalistes se sont rassemblés à la sortie des classes. Certains, les yeux rougis, ont déposé des fleurs blanches près du hall où le corps de la directrice de 58 ans a été retrouvé lundi.
"L'Education nationale, le ministre, doivent urgemment prendre acte du geste désespéré de notre collègue et réagir en conséquence", a déclaré au micro une directrice d'école, s'exprimant au nom de ses collègues. Son geste "est révélateur de la souffrance au travail partagé par l'ensemble des personnels", a-t-elle ajouté. "Christine, même si c'est trop tard, on t'a entendue et on ne t'oubliera pas !", a-t-elle lancé des larmes dans la voix.

Jeudi après-midi, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer s'est rendu sur place pour rencontrer les personnels de l'école. Dans un tweet, il a exprimé "sa profonde tristesse" et indiqué avoir missionné l'Inspection générale. Peu avant de mettre fin à ses jours, la fonctionnaire de 58 ans a envoyé un courrier aux autres directeurs des établissements de la ville, où elle travaillait depuis près de 30 ans. "Les directeurs sont seuls !", écrit-elle. Elle fait part de son "épuisement" face au manque de soutien de la part de l'Etat, du rythme scolaire des enfants, ou encore des pratiques "chronophages".

"On croule sous le travail"

"Ce qu'elle décrit, c'est notre quotidien, c'est toutes les tâches qu'on n'arrive pas à mener à bien, parce qu'on croule sous le travail", a dit à l'AFP une directrice d'école, qui souhaite rester anonyme. "Nos conditions de travail se dégradent", ajoute-t-elle, en dénonçant des "injonctions contradictoires" de l'Education nationale. "On entend notre hiérarchie dire une chose et l'année d'après l'inverse, au fil des réformes, des changements de majorité". "Elle a relaté tout ce qu'on vit", ajoute Corinne Duro, directrice d'une école maternelle et enseignante dans le 93 depuis 30 ans.

"Elle n'était pas déprimée. Elle était souriante, dynamique, très investie. Il faut y croire pour choisir de travailler ici, rester toutes ces années", poursuit-elle. Présent lors du rassemblement, le maire PS de cette ville populaire, Bertrand Kern, a fait part de sa "grande tristesse". Interpellé par des syndicats sur les rythmes de quatre jours et demi par semaine, maintenus dans sa ville et dénoncés par la directrice dans sa lettre, il a regretté une "instrumentalisation".