Nicolas Bedos sera jugé au début de l'année 2024 pour agression sexuelle en état d'ivresse

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avec AFP / Crédits photo : LOIC VENANCE / AFP , modifié à
Le réalisateur Nicolas Bedos, placé en garde-à-vue ce jeudi après-midi, sera jugé au début de l'année 2024 pour "agression sexuelle en état d'ivresse manifeste", indique le Parquet de Paris. Devant les enquêteurs, le principal intéressé a plaidé la thèse de l'accident.

Le réalisateur Nicolas Bedos, accusé d'attouchement dans une boîte de nuit par une jeune femme de 25 ans, sera jugé début 2024 devant le tribunal correctionnel de Paris pour agression sexuelle. La plaignante l'accuse d'avoir, dans la nuit du 1er au 2 juin, touché ses parties intimes par-dessus son pantalon, alors qu'elle était attablée près de la piste de danse d'un club parisien pour prendre un verre avec des amis. Convoqué mercredi au commissariat du centre, à Paris, le célèbre réalisateur et acteur avait été placé en garde à vue. Sa garde à vue, révélée par Actu17 et confirmée de sources proches de dossier à l'AFP, a été prolongée puis levée jeudi soir.

Il sera jugé début 2024 pour agression sexuelle en état d'ivresse manifeste, un délit pour lequel il encourt cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende, a précisé le parquet de Paris, contacté par l'AFP. 

Le procès devrait se tenir en février 2024

D'après une source proche du dossier, le procès se tiendra en février. "Nicolas Bedos a pu s'expliquer devant les enquêteurs", a déclaré à l'AFP son avocate Julia Minkowski. "Il ne veut pas remettre en doute la parole de la plaignante qui décrit un geste déplacé de quelques secondes par dessus son jean", a-t-elle poursuivi. "Mais un tel geste, dont il n'a pas le souvenir, qui se serait produit sur la piste de danse d'une boîte de nuit, n'a pu être qu'accidentel sous l'effet de l'ébriété", a-t-elle ajouté.

Les faits reprochés à Nicolas Bedos se sont déroulés dans la nuit du 1er au 2 juin. Il "a tendu sa main (...) au niveau de ma culotte alors que j'étais en jean", a affirmé la jeune femme dans son récit aux enquêteurs consulté par l'AFP. Nicolas Bedos se serait d'abord dirigé vers elle, sans qu'elle ne le reconnaisse. "J'ai alors vu franchement son regard sur moi", dit-elle. Puis "sans s'exprimer", M. Bedos a touché ses parties intimes par-dessus son pantalon, d'après la plaignante, qui explique "l'avoir repoussé" puis reconnu en lui disant: "Va te faire soigner !" Un vigile aurait ensuite conduit Nicolas Bedos hors de l'établissement.

Nicolas Bedos aurait "présenté ses excuses" à la plaignante

Interrogé par les enquêteurs sur la nature du geste, la plaignante a expliqué qu'il y avait eu "un frottement". L'avocate de Nicolas Bedos a assuré que le réalisateur lui avait "présenté ses excuses". Artiste et humoriste revendiquant ses positions politiquement incorrectes, parfois clivantes, Nicolas Bedos est l'auteur de quatre films, dont trois présentés au festival de Cannes. La Belle Époque (2019), son long métrage le plus remarqué, a décroché 11 nominations aux César, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur, et réuni 1,2 million de spectateurs en salles.

Il a fait tourner le gratin du cinéma français, de Jean Dujardin (OSS117: Alerte rouge en Afrique noire) à Isabelle Adjani (Mascarade), en passant par Daniel Auteuil, Guillaume Canet et Fanny Ardant. Plusieurs personnalités du cinéma sont au centre d'affaires de violences sexuelles ces dernières années.

D'autres personnalités visées par des plaintes

En 2019, l'actrice Adèle Haenel avait dénoncé "l'emprise" du réalisateur Christophe Ruggia alors qu'elle était adolescente, conduisant à sa mise en examen pour "agressions sexuelles sur mineur". Le metteur en scène le conteste. Par ailleurs, la star Gérard Depardieu est mise en examen depuis décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles sur la jeune comédienne Charlotte Arnould. Ce qu'il dément. Treize autres femmes l'ont récemment accusé, dans Mediapart, de violences sexistes et sexuelles entre 2004 et 2022.

Le patron du Centre national du cinéma (CNC), Dominique Boutonnat, devra lui comparaître devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour agressions sexuelles sur son filleul âgé de 21 ans lors d'un séjour en Grèce en 2020. Le président du CNC, qui avait été reconduit en juillet dernier à son poste malgré les soupçons à son encontre, conteste ces accusations.