Isère : le fils de l’employeur décapité va reprendre l’entreprise

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L'entreprise ATC-Colicom où travaillaient ensemble la victime décapitée et son meurtrier présumé, soupçonné aussi de l'attaque contre le site Air Products. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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Sébastien Guyot et C.P.-R. , modifié à
REPORTAGE - Malgré le choc immense après la mort et la décapitation de son père vendredi, le fils de l'employeur de Yassin Salhi - le suspect principal - fait tout pour que l’entreprise lui survive.

Il y a de la tristesse et de la haine chez ce jeune homme de 21 ans. Mais aussi beaucoup de dignité. En fils-courage, Kevin avait bien l’intention de venir, lundi, pour faire tourner l’entreprise de son père, Hervé Cornara, retrouvé décapité vendredi. Lundi matin, les portes de cette petite société de transport de marchandises étaient encore closes avec deux bouquets de fleurs apposés sur les grilles.

Mise en scène macabre. La tête de son père, qui devait fêter ses 55 ans, a été retrouvée entre deux drapeaux portant des inscriptions arabes, pendue aux grilles d’un site classé Seveso, dans l'usine de gaz industriels, à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. Yassin Salhia reconnu l'assassinat de son patron, lors de sa garde à vue. Celui qui est aussi soupçonné d’avoir provoqué l’explosion de bonbonnes de gaz dans l’attaque contre ce site de gaz industriels appartenant à Air Products a même pris un "selfie" macabre avec la tête de sa victime, avant de l'envoyer avec son téléphone à un ami djihadiste français, parti en Syrie en novembre dernier.

Salhi avait été embauché en mars. Dans cette entreprise, implantée au milieu d’une zone industrielle de 500 sociétés, Hervé Cornara employait une dizaine de chauffeurs livreurs comme son fils Kevin, mais aussi comme Yassin Salhi. Le suspect originaire de Pontarlier dans le Doubs, et qui a vécu à Besançon, était arrivé il y a trois mois seulement au sein de cette entreprise de transports, située à Chassieu, en banlieue lyonnaise.

Employé modèle. Du mois d'août 2014 jusqu'en mars dernier, Yassin Salhi avait d'abord travaillé chez Colicom avec l'associé de Hervé Cornara. Avant d'être embauché par ce dernier chez ATC, un sous-traitant de Colicom. L'homme était un employé modèle : aucune dispute avec ses collègues ou patrons, aucune dérive religieuse.

"C’était quelqu’un de tranquille, d’organisé dans son travail, calme. C’était un gaillard, parce que pour rouler des bouteilles de gaz de 84 kilos toute la journée, faut quand même être solide", se souvient Stéphane Chatain, le directeur de Colicom. "Je n’ai jamais eu de souci avec Monsieur Salhi. C’était quelqu’un de très discret, limite timide", ajoute l’entrepreneur.

Poli, souriant… C’est au volant de l’un des véhicules d'ATC, l'entreprise de Hervé Cornara que le suspect a pu pénétrer vendredi sur les lieux de l’attaque, puisqu’il était parfaitement connu par des employés du site. Kevin a croisé à plusieurs reprises ce père de trois enfants, marié depuis plus de dix ans. C’était un homme gentil, poli, souriant selon le jeune homme. Aujourd’hui, ces souvenirs lui glacent le sang.

Travailler en mémoire de son père. Samedi, après être sorti de son mutisme, Yassin Salhi a assuré lors de sa garde à vue avoir voulu se venger suite à une altercation avec Hervé Cornara, deux jours avant les faits. Une thèse à laquelle Kevin ne croit pas du tout. En attendant, il veut faire vivre cette société. Ne rien lâcher pour que son père soit fier de lui.