Le père de famille a été arrêté. 1:29
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Jean-Luc Boujon avec AFP, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Un "cold case" élucidé grâce aux nouvelles techniques ADN. Le double meurtre de Sassenage, près de Grenoble, en 1993 a trouvé sa conclusion. Marian Marinescu, dont l'alibi solide semblait l'innocenter du meurtre de sa femme et de sa fille, a été confondu par des traces de son sperme.

En Isère, un double meurtre familial vient d'être résolu, 28 ans après les faits. En janvier 1993, une mère de famille et sa fille de 13 ans sont retrouvées égorgées à leur domicile de Sassenage, près de Grenoble. Mais l'enquête n'a jamais débouché sur aucune piste, malgré de gros moyens. Le père avait un solide alibi. Les progrès de la recherche ADN ont toutefois permis de mettre en évidence des traces de son sperme sur le pantalon de sa fille. Les enquêteurs l'ont arrêté et mis en examen pour "​assassinat" et "meurtre précédé ou accompagné de viol" ce mercredi. 

Les gendarmes n'ont "jamais abandonné la recherche de la vérité"

En 1993, dans les jours et les mois qui suivent le drame, l'enquête ne débouche sur aucune piste probante, et les multiples appels à témoins, dont un dans l'émission de télévision Témoin numéro un de Jacques Pradel en 1995, n'aboutissent à aucune avancée significative. Depuis, les gendarmes n'ont "jamais abandonné la recherche de la vérité", a expliqué lors d'une conférence de presse le colonel Lionel James, commandant de la section de recherche de la gendarmerie de Grenoble, en charge de l'enquête depuis le début. Pendant 28 ans - et avec cinq juges d'instruction différents -, l'enquête ne s'est pas arrêtée. 

Début 2021, tous les scellés du dossier ont été réexaminés à la lumière des nouvelles techniques du laboratoire de l'institut de recherches criminelles de la gendarmerie. Ils ont mis en évidence "de nombreuses traces du sperme de Marian Marinescu sur le pantalon de sa fille Christine" explique le procureur de Grenoble Eric Vaillant. "Avant, il fallait des quantités supérieures de sang, d'ADN. Aujourd'hui, on peut en découvrir dans des traces beaucoup plus fines", précise-t-il.

"De toutes les hypothèses, celle qui se présente est la pire de toutes"

L'alibi du père - un voyage en Roumanie, son pays natal auprès de sa famille pour les fêtes de fin d'année -, était jugé très solide à l'époque. Il a donc lui aussi été réexaminé. Les enquêteurs de 2021 ont eu la conviction que l'homme avait pu faire un aller-retour entre les deux pays pour commettre son crime. Marian Marinescu, 72 ans aujourd'hui a donc été arrêté.

Devant les gendarmes, il a simplement expliqué qu'il ne se souvenait de rien. Il a choisi jusqu'à présent de garder le silence devant les juges d'instruction. Me Hervé Gerbi, avocat de la sœur de la mère de famille assassinée, explique que "de toutes les hypothèses qui ont pu tourner dans la tête de mes clients, celle qui se présente est la pire de toutes". Il rappelle ainsi que ses clients "ont pendant toutes ces années reconstruit une vie familiale autour de celui qui est aujourd'hui mis en cause. Les relations ont toujours été soutenues".