Inondations : il sauve quatre personnes à Mandelieu

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et Xavier Yvon , modifié à
LE HEROS - A Mandelieu, huit personnes ont trouvé la mort dans les inondations de samedi soir. Mais l’intervention d’un homme a permis de sauver quatre personnes dans les zones les plus touchées. 

A Mandelieu, le corps d’une huitième victime a été découvert à la mi-journée dans l’un des garages inondés des résidences situés en bord de rivière. Cette 18e victime des intempéries qui ont frappé la Côte d'Azur samedi soir, sur 20 au total, n’a pas eu la chance de certains de ces voisins, secourus par Jean-Luc Duhamel, véritable héros du jour, qui a sauvé quatre personnes de la noyade.

"Honnêtement, je pensais qu’ils étaient déjà morts." Samedi soir, il a d’abord tracté à bout de bras un couple coincé dans la pente du garage, à contre-courant, alors que l’eau s’engouffrait dans le sous-sol. Et puis il a  entendu des cris, venus d’un autre couple de retraités, coincé cette fois dans le parking. Impossible pour l’homme de retourner les chercher, le niveau de l’eau étant alors trop haut. Alors ce juriste a improvisé.

"Je me suis souvenu que j’avais des sangles dans la voiture. Alors, avec de l’eau à la taille, je suis retourné à la voiture. J’ai pris une planche de parquet - je suis en train de refaire mon parquet-  parce que je me suis dit que les sangles allaient couler, qu’ils n’allaient pas les voir", raconte Jean-Luc à Europe 1. "Honnêtement, quand j’étais en train de faire les nœuds sur la planche, je pensais qu’ils étaient déjà morts, vu la violence des flots. Et c’est lorsque que je suis revenu vers le garage que j’ai entendu des cris, des hurlements, je me suis dit qu’il y avait encore une chance. Je me suis mis au-dessus du garage et j’ai laissé partir la planche", conclut-il

"Mort pour mort, on y va". Ces cris, ce sont ceux de Michel, 77 ans et de sa femme Ginette. Lui est accroché à un tuyau, sa tête touchant le plafond du parking. Elle est agrippée à son mari, ne sachant pas nager. Ils aperçoivent alors, dans la pénombre, la planche lancée par leur voisin. "Cette planche, je l’ai vue flotter, j’ai dit à ma femme : ‘attrape-la, attrape-la’. Elle m’a dit ‘je ne peux pas, je ne peux pas’", raconte le retraité. "J’ai attrapé la planche, je l’ai glissé entre mes jambes et j’ai dit à ma femme, ‘mort pour mort, on y va’, parce qu’il restait 10 centimètres sous le plafond, on ne pouvait plus respirer. J’ai dit à M. Duhamel ‘tirez, tirez’. Ils ont tiré tellement fort, que j’ai sorti la tête de l’eau, en dehors du garage".

"On va mourir tous les deux, on ne va pas voir notre arrière-petit-fils". Puis la voix de Michel s’étrangle rattrapée par l’émotion. "Ce sont des héros, parce qui sinon on était noyés tous les deux. C’est difficile à vivre… j’ai dit à ma femme ‘on va mourir tous les deux, on ne va pas voir notre arrière-petit-fils’, qui doit naître dans 15 jours. J’ai dit à ma femme ‘si tu me lâches, moi je lâche tout’. Je pense que c’est ce qui lui a donné la force de s’accrocher. Sinon, on disparaissait dans les eaux."

Lundi matin, il reste sur ce couple des traces physiques de cette mésaventure : des griffures sur le crâne de Michel, qui touchait et se cognait la tête sur le plafond du parking, des bleus sur le bras de Ginette, tractée hors de l’eau. Il leur reste surtout une gratitude infinie pour leur sauveur, le modeste Jean-Luc, qui dit n’avoir pas fait autre chose que son devoir.