Incendie mortel à Paris : la piste criminelle se précise

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AFP
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Guillaume Biet, Ariane Lavrilleux et Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
Huit personnes, dont deux enfants, ont été tuées dans un incendie, dans la nuit de mardi à mercredi, à Paris. Un suspect a été interpellé et placé en garde à vue, mercredi en fin de matinée, dans cette affaire où la piste criminelle est privilégiée.

Deux départs de feu, dans le même immeuble, à deux heures d'intervalle, c'est plus que troublant. Quelques heures après l'incendie qui a coûté la vie à huit personnes, dont deux enfants, dans le 18e arrondissement de Paris, les enquêteurs ont la conviction que l'origine du sinistre est criminelle. Un suspect, "qui pourrait avoir été présent" sur les lieux du drame a d'ailleurs été interpellé et placé en garde à vue, a-t-on appris mercredi midi.

Un suspect arrêté. D'après nos informations, cet homme âgé de 36 ans a été interpellé par la brigade anticriminalité car son comportement, son signalement physique correspondaient à celui décrit par plusieurs témoins de l'incendie, le plus meurtrier à Paris depuis dix ans. L'individu a aussi été filmé par une caméra de vidéosurveillance, toute proche des lieux du drame. L'individu a été placé en garde à vue au 36 quai des Orfèvres, puisque c'est la brigade criminelle de la police judiciaire qui est chargée de l'enquête. L'homme n'a pas encore été interrogé. Les policiers restent prudents à ce stade, mais ils pensent tenir le principal suspect du terrible incendie puisqu'il "avait sur lui une bougie et un briquet", selon une source proche de l'enquête.

Deux départs de feu dans la même nuit. Il y a d'abord ces départs de feu successifs qui appuient l'hypothèse criminelle. "Il y a eu une première alerte dans le nuit. Les services sont intervenus. Puis, le feu a repris après que l'immeuble avait été fermé et sécurisé", avait indiqué sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur, à peine quelques heures après que l'incendie a été circonscrit. "La piste criminelle est privilégiée", avait alors déclaré Bernard Cazeneuve.

Le 1er incendie, signalé à 2h23, visait les boîtes aux lettres dans le hall de l'immeuble. Un incendie de papiers, vraisemblablement volontaire, mais très rapidement éteint par les pompiers. Et deux heures plus tard, les pompiers interviennent pour la deuxième fois. Mais là, toute la cage d'escalier est déjà en flammes. Et une fois encore, le feu semble être parti du rez-de-chaussée. Selon nos informations, des témoins auraient vu une personne suspecte près de l'immeuble dans les instants qui ont précédé les deux sinistres.

Des menaces racistes ? D'autre part, Europe 1 a recueilli le témoignage intriguant, d'Omar, un résident de l'immeuble. Ce Sénégalais a perdu quatre membres de sa famille dans l'incendie. Il parle de menaces contre l'immeuble, d'une lettre que les habitants auraient reçue."C'est quelqu'un de l'extérieur qui est venu mettre le feu", assure-t-il.

"Quelqu'un qui est venu avant l'incendie a écrit une lettre" dans laquelle "il a écrit, 'un jour le bâtiment sera pris dans un incendie'. C'est il y a quatre mois que la lettre aurait été envoyée aux résidents. Pour Omar, qui affirme avoir averti la police à l'époque, "c'est parce qu'il n'y a que des Sénégalais ici. Parce qu'il a écrit 'sale noir'".

Plusieurs pistes. Si l'existence de ce message se confirme, cette piste sera exploitée par les enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire à qui l'enquête a été confiée. Mais pour l'heure, il est encore trop tôt pour faire un lien. La police judiciaire n'a pas encore connaissance de cet éventuel élément, tout aussi troublant que les départs de feu successifs.