Fillette enlevée à Dunkerque : le père incarcéré en Italie, la fillette confiée aux services sociaux

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Les mécanismes de coopération pénale européenne sont d’ores et déjà en œuvre pour obtenir son retour en France (Illustration). © Eric Beracassat / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP / Crédit photo : Eric Beracassat / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Alors que la petite Malek, 8 ans, a été retrouvée saine et sauve jeudi après avoir été enlevée par son père, ce dernier se trouve toujours en Italie et a été incarcéré dans une prison à Civitavecchia, au nord-ouest de Rome. Sa fille Malek a été confiée aux services sociaux italiens.

Le père de la fillette enlevée mardi à Dunkerque, suspecté d'avoir tué sa compagne par strangulation, a été emprisonné en Italie et sera de retour en France "d'ici quelques semaines". Sa fille Malek a été confiée aux services sociaux italiens. Le mis en cause, Jamel Y., 40 ans, avait été arrêté jeudi après-midi à Civitavecchia, au nord-ouest de Rome, quelques heures après le déclenchement d'une alerte enlèvement. Il est incarcéré à la prison de la ville, précise la police italienne dans un communiqué.

La petite Malek, huit ans, issue d'une première union de cet homme, a été retrouvée saine et sauve. "Confiée aux services sociaux" italiens, elle a été "placée dans une structure protégée", d'après la police italienne. Selon une source policière italienne à l'AFP, sa mère est déjà en Italie et "la famille devrait donc être réunie assez rapidement". Jamel Y. devrait être entendu par un juge italien samedi ou dimanche, poursuit cette même source. Mais son retour en France ne devrait pas intervenir avant "quelques semaines ou maximum quelques mois", a précisé vendredi en conférence de presse le procureur de la République de Dunkerque Sébastien Piève. L'homme pourra alors être présenté aux juges d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.

"Asphyxie"

L'information judiciaire a été ouverte pour "homicide volontaire par conjoint" et "enlèvement d'un mineur de 15 ans". Elle fait suite à la découverte du corps sans vie de la compagne de Jamel Y. par la police de Dunkerque, alertée par sa mère qui "s'inquiétait" de son silence. L'autopsie a révélé que la victime, porteuse de nombreuses ecchymoses, était morte d'"asphyxie" après une "strangulation", selon le procureur. Deux enfants, âgés de deux ans et sept mois, étaient présents au domicile de la mère. Un troisième de sept ans était chez sa grand-mère. Mais la disparition de la petite Malek avait conduit le parquet à déclencher une alerte enlèvement.

Son père avait "vraisemblablement comme projet de gagner la Tunisie, pays dont il est originaire", a indiqué le procureur. Deux compagnies de ferry assurent une liaison hebdomadaire Civitavecchia-Tunis. Le prochain départ était prévu vendredi à 19:00 (17:00 GMT). Selon une source proche du dossier, le suspect, demandeur d'asile, est connu des services de police et de la justice. Devant l'immeuble de la famille, dans un quartier populaire de Dunkerque, des voisins ont raconté jeudi qu'ils entendaient régulièrement "des bagarres" et "des cris" dans l'appartement familial, décrivant un homme violent envers sa compagne.

"Une course contre la montre"

Cette enquête fut "une course contre la montre", a souligné Magali Caillat, directrice zonale de la police judiciaire Nord. "Une centaine de policiers ont été engagés, une dizaine de perquisitions ont été opérées et une cinquantaine de personnes ont été entendues", a-t-elle détaillé. Au total, "plus de 300 appels ont été reçus et 72 témoignages vérifiés" dont un usager du train Dunkerque Arras, "qui a apporté beaucoup d'éléments" selon le procureur. "Une surveillance minutieuse du réseau" ferroviaire a permis de concentrer les recherches sur la gare de Civitavecchia, où l'homme et sa fille arrivaient dans "un train en provenance de Gênes", a indiqué la police italienne.

Le centre de coopération policière de Vintimille, en Italie, avait "fourni des descriptions", orientant les enquêteurs vers une fuite en train. En France, selon les chiffres officiels, une femme meurt tous les trois jours de la violence de son conjoint ou ex-conjoint. Adopté en France en février 2006, le plan alerte enlèvement consiste à lancer une alerte massive en cas de rapt d'enfant mineur pour mobiliser la population dans la recherche de l'enfant et de son ravisseur. Il a été déclenché en France à une trentaine de reprises.