Eure : elle écrit au meurtrier de sa fille, tuée il y a neuf ans

Après le meurtre de Gaëlle, ses parents ont ouvert une page Facebook en son souvenir.
Après le meurtre de Gaëlle, ses parents ont ouvert une page Facebook en son souvenir. © Capture d'écran Facebook
  • Copié
C.P.-R. , modifié à
Gaëlle Fosset avait 21 ans lorsqu'elle a été poignardée à mort de 66 coups de couteau. Aujourd'hui, ses parents redoutent un non-lieu, faute de nouveaux éléments dans l'enquête. 

"Il y a longtemps que je voulais vous écrire, car je pense très souvent à vous". Ces mots sont les premiers d'une lettre adressée par Sylvie Fosset à l'assassin de sa fille, Gaëlle. Elle a été postée dimanche 1er mai sur la page Facebook consacrée à sa mémoire. Il y a un peu plus de neuf ans, le 27 avril 2007, la jeune fille de 21 ans était retrouvée morte à son domicile de Saint-Germain-la-Campagne, dans l'Eure, où elle vivait avec son compagnon. Son corps, pour partie dénudé, avait été poignardé à 66 reprises.

"Souvent j'ai envie de vous tuer". "Souvent j'ai envie de vous tuer, mais pour quelques instants seulement", écrit la mère de la victime. Mais, "je ne voudrais pour rien au monde être comme vous", tempère-t-elle dans la foulée. Depuis que sa fille lui a été enlevée, Sylvie Fosset se "pose beaucoup de questions" : "Qu'est-ce que cela fait d'avoir brisé la vie de Gaëlle ? Faites-vous des cauchemars comme mon mari qui crie dans son sommeil ? Avez-vous des crises d'angoisse comme mon fils ? Avez-vous des remords ?"

"En assassinant Gaëlle, vous nous avez détruit". C'est le père de Gaëlle, qui, le soir du 27 avril, avait fait la macabre découverte, inquiet de ne pas avoir de nouvelles. La jeune fille devait en effet rejoindre ses parents, tous deux boulangers à Orbec, dans le Calvados, dans leur maison située à peine à cinq kilomètres de la sienne. Sur place, Jean-Paul Fosset a retrouvé le chien de sa fille, un rottweiler, enfermé dans une pièce adjacente. Un élément qui laisse à penser aux enquêteurs que Gaëlle avait ouvert à son agresseur sans se méfier.

Depuis, la vie des Fosset a basculé de façon irrémédiable. "En assassinant Gaëlle, vous nous avez détruit. Neuf ans que notre vie n'est que souffrance, douleur, chagrin et colère, QUE NOUS SURVIVONS", crie de désespoir Sylvie Fosset.  

Une enquête qui piétine. Une douleur inaltérable, et qui peine à cicatriser, car depuis neuf ans l'enquête n'a connu aucune avancée significative, laissant le couple Fosset face à des questions sans réponses. D'après les parents de Gaëlle, qui ont consacré un site à leur "petite étoile", "plus de 600 personnes ont été entendues dans le cadre de l'enquête et des test ADN réalisés. Sur le jogging de la jeune femme, des traces ADN ont été prélevées pour tenter de remonter au meurtrier.

Outre l'empreinte génétique de Gaëlle et de son compagnon, avec qui elle partageait sa vie depuis trois ans, et qui était en déplacement à plusieurs centaines de kilomètres, les enquêteurs ont retrouvé celles de deux personnes. L'une d'elles, un voisin de 22 ans est arrêté six mois plus tard. Après des déclarations confuses et une absence d'alibi, il est mis en examen et incarcéré. Mais faute d'éléments probants, il est libéré sous contrôle judiciaire après un an et demi de détention provisoire.

Faites-vous des cauchemars comme mon mari qui crie dans son sommeil ?

Neuf ans plus tard, le spectre du non-lieu. Depuis, aucun élément concret n'est venu s'ajouter dans le dossier, passé entre les mains de six juges d'instruction depuis le début de l'affaire. "Je crains que le dossier ne soit clôturé faute d’éléments probants, et même si la juge d’instruction travaille beaucoup dessus", témoigne Sylvie Fosset auprès de Paris Normandie.

"C’est pour cela que j’ai écrit cette lettre de colère. La perspective qu’un non-lieu soit rendu me hante", explique-t-elle. "Nous ne cesserons jamais de nous battre", conclut dans sa missive poignante la quinquagénaire, qui attend plus que jamais un nouveau témoignage pouvant relancer les investigations. D'ailleurs, Sylvie Fosset y défie directement le meurtrier : "Vous pouvez bien entendu me répondre".