Cher : le directeur de L'Angélus mis en examen pour des violences sur les élèves

Le directeur de l'école catholique traditionaliste a été mis en examen vendredi soir pour avoir exercé des "violences" sur les élèves.
Le directeur de l'école catholique traditionaliste a été mis en examen vendredi soir pour avoir exercé des "violences" sur les élèves. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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avec AFP , modifié à
Les charges pour agressions sexuelles, un temps envisagées, ont été abandonnées.

L'abbé Régis Spinoza, directeur de l'école catholique traditionaliste L'Angélus à Presly, dans le Cher, a été mis en examen vendredi soir pour avoir exercé des "violences" sur les élèves, a-t-on appris auprès du parquet de Bourges et de son avocate.

Placé quelques heures en garde à vue le 2 juin, l'abbé Spinoza a été de nouveau convoqué et entendu par les gendarmes jeudi matin. Au terme de cette garde à vue, "une information judiciaire a été ouverte des chefs de violences habituelles sur mineurs de 15 ans, travail dissimulé et soumission contrainte de plusieurs personnes à des travaux non rétribués", écrit le parquet de Bourges dans un communiqué. Me Ludivine Lamoure, qui défend l'abbé Spinoza, se disait satisfaite que "sur plus de 10 préventions différentes" reprochées à son client initialement, seules trois aient finalement été retenues, tandis que les autres, concernant "des agressions sexuelles, des questions sanitaires ou les conditions d'hébergement" ont été abandonnées.

Les tâches accomplies par les élèves "n'avaient rien du bagne". L'enquête préliminaire ouverte par le parquet début juin visait en effet des soupçons d'agressions sexuelles, après que trois enfants eurent fait état de "caresses et de massages pour le moins inappropriés" de la part de l'abbé Spinoza, selon les termes employés début juin par le procureur de la République de Bourges Joël Garrigue. Par ailleurs, a ajouté Me Lamoure, "tout ce qui est violences et travail forcé des élèves est vivement contesté par l'abbé Spinoza". Selon son client, le jardinage ou le ménage accompli par les internes n'avaient "rien du bagne" et constituaient des tâches banales, comme on en impose aux pensionnaires dans tous les internats.

"L'école rouvrira le 10 juillet". Le directeur de L'Angélus, et l'association qui gère l'école, ont été placés vendredi sous contrôle judiciaire: il leur est notamment interdit "de se livrer à des activités professionnelles ou sociales d'enseignement ou d'encadrement visant des mineurs". L'école, une institution catholique hors contrat ouverte en 2010, accueillait 109 élèves du primaire à la terminale. Elle est fermée depuis début juin sur décision préfectorale, et ce jusqu'au 8 juillet. "L'école rouvrira comme prévu le 10 juillet", assure Me Lamoure. "L'abbé n'interviendra plus et d'autres moyens seront trouvés pour assurer le fonctionnement de l'établissement", a-t-elle promis.

Privations de nourriture. Après avoir retiré leurs quatre enfants scolarisés à L'Angélus, des parents avaient déposé une plainte auprès de l'Éducation nationale pour des "mauvais traitements et des comportements équivoques". Celle-ci avait été transmise fin mars au parquet de Bourges. Les témoignages recueillis depuis l'ouverture de l'enquête préliminaire ont fait état de mauvais traitements, allant de privations de nourriture à l'absence de chauffage en plein hiver dans l'internat en passant par des "coups, infligés par le directeur, l'encadrement ou des corrections administrées par des plus grands sur des plus petits sur instruction de l'encadrement", avait précisé Joël Garrigue début juin.

Début juin, Me Alexandre Varaut, qui défend également l'abbé, avait évoqué des "événements mineurs et d'une parfaite banalité" et attribué l'éclatement de l'affaire à la "vengeance personnelle" et aux "calomnies" de deux anciens enseignants de l'établissement. Les investigations se poursuivront désormais sous la direction des deux juges d'instruction du tribunal de Bourges.