«C'est une suite de dysfonctionnements», dénonce la fille de Joëlle, retrouvée morte dans une benne à ordures de l'hôpital d'Aix-en-Provence

Joëlle, âgée de 85 ans, est décédée le 25 février, retrouvée morte dans un conteneur à l'hôpital d'Aix-en-Provence. 6:47
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Laura Laplaud
Joëlle, 85 ans, a été retrouvée morte dans une benne à ordures de l'hôpital d'Aix-en-Provence, il y a dix jours. Sa fille, Claudine, était l'invitée de Dimitri Pavlenko ce mardi. Au micro d'Europe 1 Matin, elle dénonce "une suite de dysfonctionnements" qui ont conduit au décès de sa mère.

Elle souffrait d'hallucinations auditives et visuelles depuis 2017. Joëlle, âgée de 85 ans, est décédée le 25 février, retrouvée morte dans un conteneur à l'hôpital d'Aix-en-Provence. Dix jours après le drame, sa fille Claudine est l'invitée de Dimitri Pavlenko. Au micro d'Europe 1, elle raconte.

"J'ai un appel de l'hôpital qui me dit que ma maman s'est échappée des urgences"

En octobre 2023, les médecins diagnostiquent la maladie dite à corps de Lewy à Joëlle. "C'est une maladie qui regroupe les symptômes d'hallucinations auditives et visuelles d'Alzheimer et de Parkinson. Les symptômes sont aléatoires. Elle pouvait être très bien le matin, en forme et tout à fait consciente. Et puis l'après-midi, elle pouvait partir dans ses délires ou avoir des tremblements irrépressibles", détaille sa fille Claudine. Une quarantaine de jours avant son décès, Joëlle connaissait une période de crises. Son psychiatre conseille alors à Claudine d'augmenter sa posologie puis de l'emmener aux urgences. "L'hôpital psychiatrique ne pouvait plus la prendre directement en charge puisque ça ne relevait plus de la psychiatrie, mais de la neurologie", explique Claudine qui décide de suivre les conseils du médecin. 

Les deux femmes arrivent à l'hôpital d'Aix-en-Provence le vendredi 23 février vers 13 heures. À 19h30, Joëlle, qui n'a toujours pas été prise en charge par les urgences, demande une boisson à sa fille. Alors qu'elle part chercher un soda, sa mère est prise en charge, emmenée dans un box des urgences. Quand elle revient, elle n'est pas autorisée à rester et doit regagner son domicile à Meyreuil, sur demande de l'hôpital. 45 minutes après être arrivée chez elle, l'établissement l'appelle et lui annonce que sa mère a disparu. "À 21h49, j'ai un appel de l'hôpital qui me dit que ma maman s'est échappée des urgences", raconte-t-elle. 

"Si on m'avait laissé rentrer dans le box avec elle, elle serait toujours vivante"

Paniquée, Claudine s'empresse de revenir à l'hôpital et demande à regarder les vidéos de caméras de surveillance. Selon son témoignage, en raison de l'absence de la personne en charge de la vidéosurveillance, pour cause de congés, il n'était pas possible d'accéder à ces vidéos. Le personnel de l'hôpital ne disposait pas non plus des codes pour visionner les images. Claudine parcourt l'hôpital et ses environs, en vain. 

Après de longues recherches, la famille, accompagnée des pompiers, parviennent à retrouver la femme dans un conteneur à poubelles au sous-sol de l'établissement, deux jours après sa disparition. Aujourd'hui, Claudine se dit en colère. "J'essaye de dissocier le deuil de ma mère et les conditions dans lesquelles elle est morte. Si on m'avait laissé rentrer chercher, si on m'avait laissé rentrer dans le box avec elle, elle serait toujours vivante. Que des caméras ne soient pas branchées, qu'un ouvre-porte automatique soit en panne depuis six mois, qu'une personne puisse se soustraire comme ça à la vigilance du personnel soignant si facilement, qu'un accès au sous-sol puisse être possible par tout un chacun... C'est une suite de dysfonctionnements qui aboutit au décès de ma maman", conclut Claudine au micro d'Europe 1. La famille de la victime a porté plainte pour défaut de surveillance de l'hôpital.