Besançon : deux interpellations après la dégradation d'une statue de Victor Hugo

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La statue de Victor Hugo à Besançon a été dégradée (Archives). © GUIZIOU Franck / hemis.fr / Hemis via AFP
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avec AFP
La police de Besançon a indiqué jeudi que deux hommes suspectés d'avoir commis des dégradations sur deux statues à Besançon, dont l'une à l'effigie de Victor Hugo avaient été interpellés. Les deux suspects, âgés de 20 et 22 ans, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête de flagrance.

Deux hommes ont été interpellés jeudi, suspectés d'avoir commis des dégradations sur deux statues à Besançon, dont l'une à l'effigie de Victor Hugo, œuvres de l'artiste sénégalais Ousmane Sow, a-t-on appris auprès de la police. Les deux suspects, âgés de 20 et 22 ans, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête de flagrance, ouverte après la découverte, lundi, de dégradations sur la statue de Victor Hugo, dont l'actuelle rénovation a fait l'objet d'une polémique.

Une statue en cours de restauration

La statue, inaugurée en 2003, était en cours de restauration samedi quand le quotidien local, l'Est Républicain, a évoqué le travail réalisé par la fonderie de la Fondation Coubertin, insistant sur les couleurs de la statue, et notamment sur l'aspect foncé du visage, en bronze, écrivant "Victor Hugo a pris un sacré coup de soleil".

Le quotidien citait notamment Béatrice Soulé, l'ancienne compagne et agent artistique de l'artiste (décédé en 2016), jointe "au Sénégal", qui semblait désapprouver le travail de restauration réalisé. "On dirait un Victor Hugo noir, ce qui n'a jamais été l'intention d'Ousmane" avançait-elle, soulignant que "le visage original était de couleur chair".

"Révisionnisme opportuniste de la mairie de Besançon"

De nombreuses critiques et articles de presse sur la rénovation de la statue ont alors fleuri, en prenant notamment pour cible la maire de Besançon, l'écologiste Anne Vignot. Dans une tribune publiée par Le Figaro Vox, l'universitaire Xavier-Laurent Salvador taclait ainsi "le révisionnisme opportuniste de la mairie de Besançon". Lundi, la statue a été retrouvée dégradée, une couche de peinture blanche recouvrant le visage et les mains de l'écrivain. La mairie a alors annoncé déposer plainte, précisant que la rénovation, tant critiquée, n'était pas terminée.

Mercredi, L'homme et l'enfant, une autre statue d'Ousmane Sow érigée à Besançon, a également été recouverte de peinture blanche sur les mains et le visage. "Les blanchissements de ses œuvres sont des actes graves et alarmants qui relèvent d'un racisme profond et décomplexé que certains responsables politiques encouragent et alimentent", a réagi la mairie, appelant "à la cohésion" face à ce vandalisme raciste.

La ministre de la Culture "scandalisée"

Sollicitée par l'AFP, Béatrice Soulé a regretté "un faux débat autour de la négritude supposée de cette nouvelle représentation" après "un malheureux article sur l'œuvre en cours, bien loin du résultat final", tout en apportant son soutien au patineur chargé de la restauration. Ses remarques initiales portaient sur "une étape de travail", avant une concertation avec les professionnels de la restauration sur "la reprise à faire", a-t-elle expliqué. Elle a également exprimé son souhait d'adresser un droit de réponse au Figaro. "Il est superbe ce Victor Hugo, une fois terminé", a-t-elle déclaré. "Il n'était pas terminé lorsqu'ils se sont tous enflammés."

Jeudi sur Twitter, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s'est dite "scandalisée de voir des sculptures d'Ousmane Sow vandalisées". "Mains et visages de la statue +L'homme et l'enfant+ blanchies : signature d'un acte explicitement raciste", a déploré la ministre, regrettant une attaque "nauséabonde contre l'oeuvre d'un immense artiste sénégalais qui aimait tant la France". Le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, tiendra une conférence de presse sur cette affaire vendredi après-midi.