Agression antisémite à Créteil en 2014 : "Ils ont passé 56 minutes à me tabasser"

Les faits se sont déroulés au matin du 10 novembre 2014, trois semaines avant une double agression à Créteil.
Les faits se sont déroulés au matin du 10 novembre 2014, trois semaines avant une double agression à Créteil. © ERIC FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
Trois semaines avant une double agression à Créteil en 2014, deux personnes sont suspectées d'avoir roué de coups un homme de confession juive.

Il avait été "roué de coups" par deux des hommes jugés aux assises pour un violent cambriolage chez un homme juif et sa compagne à Créteil en 2014 : un septuagénaire, également de confession juive, a raconté son agression devant la cour jeudi.

Cinq hommes - l'un est en fuite - sont jugés pour avoir violemment agressé dans leur appartement Jonathan, un jeune homme juif, et sa compagne, qui sera violée par l'un d'eux. Deux des accusés présents dans le box sont en même temps jugés pour l'agression de Simon, trois semaines avant celle du couple.

Un premier plan avorté. Les faits se déroulent le 10 novembre 2014. Vers 9 heures du matin, les deux accusés, 18 et 19 ans, se rendent au domicile des parents de Jonathan, chez qui ce dernier habite avec sa compagne. La mission d'un des deux suspects : sonner, et "demander du sucre" pour voir qui est à l'intérieur. Jonathan et sa compagne dorment dans la chambre, les parents sont sortis. C'est Samuel, le petit frère de Jonathan, qui ouvre la porte.

Problème, le suspect le reconnaît. Ils ont le même âge, et, dira-t-il aux enquêteurs, ils jouaient au foot ensemble petits. Le plan est avorté. Simon, 70 ans au moment des faits, est le "plan B". Il habite un immeuble voisin, et sera choisi parce que "lui et son fils étaient bien vêtus".

Une victime devenue "angoissée". Le suspect sonne, demande du sucre au "petit vieux", seul à son domicile. Quand il revient de la cuisine, celui-ci est poussé au sol par trois hommes. "Je suis tombé par terre, j'ai reçu des coups de pieds, des coups de poing", raconte-t-il. La voix de ce vieil homme, à qui le président proposera à plusieurs reprises de s'asseoir, s'enraille, s'entrecoupe de sanglots. "J'ai crié le nom de mon fils. Ils ont passé 56 minutes à me tabasser. Puis d'un seul coup il y en a un qui a dit 'on s'en va'".

Les accusés expliqueront avoir renoncé à cause des cris. Simon, originaire de Casablanca, au Maroc, ne sera pas sérieusement blessé physiquement mais est depuis devenu "angoissé". "Je fais des cauchemars tous les soirs. J'ai quitté Créteil. Je ne vais plus à la synagogue", dira-t-il plusieurs fois devant la cour.