Rattrapé 22 ans après le meurtre de deux fillettes

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et avec agences , modifié à
Âgé de 15 ans à l'époque, le suspect a été trahi par son ADN. Il a été mis en examen pour les 2 meurtres.

L'info. "Il ne faut jamais renoncer, la preuve". La phrase est signée Martine Valdès. L'ancienne procureur de Grenoble avait relancé en 2008 l'enquête sur six meurtres, une tentative et trois disparitions, commis entre 1983 et 1996 en Isère. Une démarche qui vient de permettre l'arrestation d'un homme, vingt ans après les faits. Aujourd'hui âgé de 37 ans, il est soupçonné d'avoir tué Sarah et Saïda, en 1991 et 1996, à Voreppe, en Isère. Le suspect, trahi par son ADN, a été mis en examen jeudi après-midi pour tentative de viol et assassinats.

La première victime a subi des violences sexuelles. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 15 avril 1991. Ce jour-là, Sarah Syad joue au pied de la cité de Bourg-Vieux à Voreppe. Sa trace est subitement perdue en début de soirée et son corps est retrouvé le lendemain, dans un bois non loin de chez elle. L'autopsie relève que la fillette, âgée de 6 ans, a été étranglée après avoir été victime de violences sexuelles. Les enquêteurs avaient d'ailleurs retrouvé des mouchoirs avec des empreintes digitales et des traces de sperme, rapporte Le Parisien. A l'époque, Georges avait été entendu comme témoin mais rien n'avait permis de le mettre en cause. Il connaissait en effet bien la famille, et notamment le frère de la victime, dont il est resté proche.

La deuxième fillette étranglée. L'autre affaire est intervenue cinq ans plus tard, le 24 novembre 1996. Saïda Berch, 10 ans, disparaît à son tour dans le quartier de la Béraugodière, à deux pas du domicile du suspect. Elle quitte le domicile de ses parents pour se rendre au gymnase, quand elle est enlevée. Son corps est retrouvé 48 heures plus tard au bord d'un canal. Selon l'autopsie, la fillette a elle aussi été étranglée, avec son sweat-shirt, mais n'a pas subi de violences sexuelles. Un magazine pornographique souillé avait toutefois été retrouvé sur les lieux.

"C'était un accident". "Il ne reconnaît pas avoir intentionnellement donné la mort. Il dit qu'il ne pensait pas que cette petite fille était décédée et qu'il l'a appris a posteriori", a déclaré Me Emmanuel Decombard. Selon son avocat, le suspect "conteste l'étranglement", mais reconnaît avoir porté un coup à la victime. Selon le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, le suspect a affirmé que "c'était un accident, qu'il ne voulait pas lui donner la mort". Il a déclaré que la fillette lui "courait derrière" pour "utiliser son vélo", que "ça l'avait énervé, qu'il l'avait frappée à la tête et comme elle était inanimée, il l'avait étranglée avec son sweat-shirt" mais "il ne voulait pas la tuer", a précisé le magistrat.

Confondu par son ADN. A l'époque de la mort de Saïda, un rapprochement avait été opéré avec le meurtre de Sarah cinq ans plus tôt, les deux corps ayant été retrouvés dans des zones très proches. Une analyse dite moléculaire avait permis de découvrir que le meurtrier des deux fillettes était une seule et même personne. Georges, aperçu près des lieux du  deuxième meurtre avait une nouvelle fois été entendu, mais aucun élément n'avait permis de le confondre. Finalement, l’exploitation des éléments génétiques, conservés pendant plus de 20 ans, ont permis de retrouver le suspect. Les empreintes digitales et génétiques de cet homme avaient été recueillies récemment après un délit lié à une conduite sous stupéfiants et sans assurance.

Jugé par un tribunal pour enfants. "Il avait quinze ans au moment du premier meurtre et sera donc jugé par le tribunal pour enfants", a précisé le procureur. Le suspect encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion. Dans le cas de Saïda, l'homme était âgé de 20 ans et est donc passible de la cour d'assises qui peut le condamner à perpétuité. Les deux peines seront confondues.

Espoir pour les familles de disparus de l'Isère. Son arrestation mardi "ouvre un champ de l'enquête et un espoir très important pour les familles" des disparus de l'Isère, a réagi mercredi soir Me Didier Seban, avocat de cinq familles de victimes. "L'auteur pourrait être mis en cause dans d'autres affaires de l'Isère", a-t-il estimé parlant des similitudes des dossiers de "jeunes filles d'origine maghrébine disparues au pied d'une cité". Neuf disparitions ou meurtres d'enfants en Isère entre 1983 et 1996 restent en effet non élucidés. En 2008, le parquet général de Grenoble avait regroupé ces dossiers, dénommés "Les disparus de l'Isère". Les investigations alors menées par la cellule de la gendarmerie "Mineurs 38" avaient permis d'écarter l'hypothèse d'un tueur en série pour "l'ensemble" des meurtres ou disparitions de cinq filles et de quatre garçons, alors âgés de 5 à 16 ans.

Mais le procureur Coquillat a formellement écarté tout rapprochement avec d'autres meurtres ou disparitions d'enfants de la région. "C'est du fantasme, il n'a rien à voir, il est très peu probable qu'il ait commis d'autres faits", a assuré le magistrat.