Qui est Bernard Petit, démis de ses fonctions à la tête du "36" ?

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Alain Acco avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
Mis en examen et suspendu de ses fonctions, Bernard Petit, ne sera pas resté longtemps le patron du "36". Il était pourtant arrivé avec une réputation d’intégrité.

Il sera resté à peine plus d’un an à la tête de la PJ Parisienne. Nommé par Manuel Valls, en décembre 2013, Bernard Petit avait pris la succession de Christian Flaesch, contraint de quitter sa fonction pour "faute de déontologie", selon les propos du ministre de l’Intérieur de l’époque. 

"Un grand professionnel". Soupçonné d'avoir violé le secret d’une enquête impliquant le fondateur du GIGN, Christian Prouteau, le haut fonctionnaire avait l'image d'un grand flic, droit et intègre lorsqu’il est arrivé à la tête du 36. Lors de sa nomination, Manuel Valls l’avait d’ailleurs qualifié de "grand professionnel" à la carrière brillante. Auparavant n°3 de la by Browser Shop" xhtml:id="_GPLITA_0" >Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), Petit était le premier chef du "36" à ne pas être issu du sérail de la PJ.

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D’officier de police à boss du "36". Sa carrière, il l’avait commencée comme simple inspecteur, en 1983, avant de devenir commissaire, major de promo. En 1987, il est affecté à la DCPJ où il restera longtemps. Il y sera notamment chef d'état-major entre 1994 et 1997, adjoint, puis chef de l'office spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants (OCRTIS) entre 2001 et 2007.  Le parcours de cet homme né à Sfax, en Tunisie, est jalonné de postes prestigieux, de succès incontestables, notamment dans la lutte contre le trafic de drogue, sa spécialité, et la criminalité organisée. En 2009, il devient adjoint au sous-directeur comme "patron" du pôle de la lutte contre le crime organisé et les violences aux personnes. En 2010, il était le n°3 de la DCPJ, en tant que sous-directeur en charge de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière. La dernière marche de son ascension, juste avant sa nomination au QG de la police judiciaire parisienne, sur l’île de la Cité, à Paris.

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"Un homme de réseau". Cet homme de 59 ans était reconnu pour son professionnalisme et sa vision de la police moderne, même s’il était décrit - et décrié -  par certains comme un homme de réseau.  Toujours poli et affable, impassible et un peu mystérieux, il parle toujours doucement, sans jamais élever la voix.  Sauf pour fustiger, à l’antenne d’Europe 1, les errements de quelques policiers de l'antigang accusés d'avoir violé une touriste canadienne, dans les locaux du "36", en avril 2014 : "Il y a des comportements qui doivent être bannis définitivement.  C'est inadmissible. Il y a une espèce de compatibilité à avoir avec une hygiène de vie, avec aussi un devoir d'exemplarité, parce qu’un policier de police judiciaire, oui, c'est un homme normal, bien sur, mais il doit donner l'exemple y compris dans sa vie privée", avait alors déclaré le patron du "36".

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Victime de l’influence de son homme de confiance ? Celui qui avait évoqué "le devoir d’exemplarité" des policiers, et était réputé pour son extrême prudence, est aujourd’hui mis en examen. Beaucoup, dans son entourage, se demandent s'il n'a pas été victime de l'entregent de son fidèle et incontournable chef de cabinet Richard Atlan, qui a aussi été mis en examen, jeudi soir.

Quoiqu’il en soit, cette affaire marque sans doute la fin d’une carrière de 37 ans dans la police, jusqu’ici traversée sans embuches. Pour se défendre, Bernard Petit a choisi Me Anne-Laure Compoint, la même avocate que l'un des policiers violeurs de la Brigade antigang.

"Une mesure administrative pour la bonne marche du service". Cette dernière assure que la suspension de son client n'est pas lié directement à sa mise en examen mais se justifie pour le bon déroulé de l'enquête. "C’est une procédure judiciaire qui ne rend pas possible le maintien de Bernard Petit à ce poste de directeur de la PJ, puisque le service concerné relevait de sa compétence. Ici, la particularité est que Bernard Petit était le chef du service de police initialement concerné dans l’enquête. Il est là le hiatus. Il n’est pas dans la mise en examen", insiste Me Anne-Laure Compoint au micro d'Europe 1.

Selon elle, il s'agit donc d'une mesure administrative qui n'atteste en rien de la culpabilité de son client. "Le ministre ne sait rien de ce dossier. Il ne peut pas décider aujourd’hui si Bernard Petit est coupable ou non. Le ministre prend donc seulement une mesure administrative pour la bonne marche du service et de la direction de la police judiciaire parisienne. Le fait que le successeur de Bernard Petit soit nommé, c’est naturellement normal", conclut-elle.