Provoquer le crash de son avion ? Un cas rare

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
CRASH - Il existe cinq cas de suicide de pilotes aux manettes d'un avion dans l'histoire récente du transport aérien.

Elle est privilégiée par les enquêteurs. La thèse du suicide pourrait en effet expliquer le crash d'un avion de la Germanwings dans le sud-est de la France mardi. Son copilote, au passé dépressif selon le journal Bild et en arrêt maladie le jour du drame, n'a en effet pas répondu aux appels de son commandant resté coincé en-dehors du cockpit. Il a aussi dirigé volontairement l'avion vers son point d'impact. Si la thèse se confirmait, le crash de cet A320 qui a fait 150 morts viendrait s'ajouter à la macabre liste des cas de suicide de pilotes en avion. 

Un appareil "en piqué". Le 9 février 1982, le pilote d'un DC-8 de la Japan Airlines met l'engin en piqué au moment de l'atterrissage près de Tokyo, faisant 24 morts. L'enquête conclut à une crise de folie suicidaire.

"Mourir, mourir…". Le 21 août 1994, c'est un ATR-42 de la Royal Air Maroc avec 44 passagers à son bord qui s'écrase délibérément au sol dans les montagnes de l'Atlas, ne laissant aucun survivant. L'enquête, appuyée sur les dernières paroles entendues dans le cockpit, avait conclu au suicide. Lorsqu'il avait effectué des manœuvres non conformes à la réglementation aérienne, sa copilote l'avait interpellé. Il lui avait alors répondu : "mourir, mourir…".

Sanction disciplinaire et dettes. En décembre 1997, une demi-heure après son décollage de Jakarta à destination de Singapour, un Boeing 737 de la SilkAir s'écrase près de Palembang, sur l'île de Sumatra faisant 104 morts. Les enquêteurs américains n'avaient pu exploiter les boîtes noires, débranchées avant le crash. Ils avaient quand même conclu au suicide du pilote alors que rien, selon le bureau d'enquête indonésien, n'étaye cette version. La presse avait cependant précisé que le commandant de bord venait de faire l'objet d'une sanction disciplinaire, avait été rétrogradé et croulait sous les dettes. 

"Je m'en remets à dieu". Le 31 octobre 1999, c'est un Boeing 767 d'EgyptAir qui s'abîme dans l'Atlantique, au large de la côte est des Etats-Unis. Après un décollage de New-York, il devait se rendre au Caire avec 217 passagers à bord. L'agence américaine de la sécurité dans les transports avait conclu à un suicide. Le copilote s'était retrouvé seul pendant une pause prise par le commandant et selon l'enregistreur des conversations, il aurait alors prononcé une courte prière: "Je m'en remets à dieu". Immédiatement après, le pilote automatique était désengagé et l'avion plongeait quasiment en piqué. La presse américaine avait révélé que le copilote avait des problèmes financiers et était devenu "renfermé". Les autorités égyptiennes ont, pour leur part, toujours rejeté la version du suicide. 

Un copilote empêché de rentrer dans le cockpit. Le 29 novembre 2013 en Namibie, le commandant d'un avion de la Mozambique Airlines avec 33 passagers à bord précipite intentionnellement l'appareil au sol. Selon les résultats de l'enquête, il s'était enfermé dans le cockpit, empêchant son copilote d'y revenir et avait ignoré les signaux d'alarme.

Plus récemment, la thèse du suicide a été évoquée pour expliquer le crash du vol MH370 de la Malaysia Airlines en mars 2014 qui avait 239 personnes à son bord. Les systèmes de communication avaient été délibérément désactivés et l'appareil avait changé de cap avant de disparaître. 

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