Le convoyeur avait fui… mais il n'avait pas tout compris

© Capture d'écran TF1/Sept à huit
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avec Chloé Triomphe et AFP , modifié à
Six ans avant Toni Musulin, François Chamorro avait réussi le braquage parfait, disparaissant avec un million d'euros en liquide. Avant de commettre une erreur fatale.

Le coup était parfait et son pactole devait lui permettre de vivre tranquillement jusqu'à la fin de ses jours. En 2003, six ans avant Toni Musulin, le convoyeur de fonds François Chamorro avait réussi le braquage parfait, disparaissant avec un million d'euros en liquide. En cavale sous le soleil de la  République dominicaine, il allait finalement commettre une grossière erreur le menant en prison dix ans plus tard. L'homme est jugé jeudi et vendredi devant les assises du Val-de-Marne. Inconnu des services de police avant ces faits, François Chamorro comparaît pour "vol avec arme". Il encourt jusqu'à vingt ans de prison.

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© Capture d'écran TF1/Sept à huit

Une bouteille de champagne et un revolver. Les faits remontent au 7 mai 2003. En cette fin de journée, cet employé "taciturne" et "solitaire" de la société de transport de fonds Témis apporte une bouteille de champagne sur son lieu de travail, un entrepôt en plein milieu du marché de Rungis, dans le Val-de-Marne. François Chamorro a une "bonne nouvelle" à annoncer à ses collègues.  Le convoyeur parvient alors à s'absenter quelques instants, laissant ses collègues ouvrir la bouteille. Quand il revient, l'homme est armé d'un revolver. Il récupère alors un sac de sport qu'il remplit de pochettes en plastique contenant de l'argent destiné à la Banque de France et s'enfuit à bord d'une voiture de location.

200.000 euros abandonnés à l'hôtel. Lancés à ses trousses, les enquêteurs retrouvent sa trace dans une chambre d'hôtel, près de Paris, où ils récupèrent plus de 200.000 euros abandonnés. Mais le convoyeur s'est volatilisé avec le reste du butin. Les policiers découvrent également divers documents qui attestent que François Chamorro, passionné de stratégie militaire et d'épopées napoléoniennes, a soigneusement préparé son coup.

Marseille, le Canada puis la République dominicaine. S'ensuit une cavale rocambolesque. Pendant quelques semaines, le convoyeur se cache dans les bois où il enterre son magot, avant de se rendre à Marseille où il se procure des papiers sous une fausse identité. Puis il s'envole pour le Canada et se pose finalement en République dominicaine.
 Pour ses proches, ce vol est un "geste de désespoir", la marque d'un homme "au bout du rouleau". Sa compagne venait de lui annoncer son intention de le quitter après trois années de vie commune.

 "Il a confondu la prescription de l'action de la peine".  Pendant dix ans, François Chamorro vivra sous sa nouvelle identité. Jusqu'à ce jour de mai 2013 où, ne supportant plus sa vie de fugitif et pensant les faits prescrits par la justice, il se présente au consulat français de Saint-Domingue. Il y demande un passeport sous sa véritable identité.
 "Il pensait que le temps avait fait son œuvre et qu'il avait été oublié, mais il a fait une confusion entre la prescription de l'action et la prescription de la peine", explique son avocat, Marc Mandicas. Car il ne sait pas qu'entre-temps, en 2008, il a été condamné en son absence à dix ans de prison.

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© Capture d'écran TF1/Sept à huit

"Il voyait sa vie comme un échec total".  Aujourd'hui âgé de 52 ans, François Chamorro est incarcéré depuis son arrestation à la prison de Villepinte. "Il n'a jamais nié les faits. Il était dans une situation personnelle très difficile et voyait sa vie comme un échec total qui ne pouvait déboucher que sur quelque chose d'extravagant", analyse son avocat. "Il était au milieu de milliards d'euros et pour un homme qui n'en a jamais eu beaucoup...".

"Un sentiment de trahison encore aujourd'hui".  Jeudi à l'ouverture des débats, c'est la première fois que l'ex-convoyeur recroisera le regard de ses anciens collègues, qui plus de dix ans après les faits restent remontés contre lui. "Ces gens-là sont prêts à répondre à des agressions extérieures. Maos, ils ne sont pas préparés à une agression intérieure, de la part d'un collègue. Ils lui en veulent toujours car ils ne comprennent pas qu'un salarié puisse aller piquer dans la caisse comme il l'a fait.  Il y a un véritable sentiment de trahison encore aujourd'hui", confie leur avocat, Me Patrice Paupere à Europe 1.