Ce sont des documents qui attestent d'un mal-être profond. L’employé qui a mis fin à ses jours dans le Finistère a laissé à l'attention des organisations syndicales des écrits accusateurs dans lesquels il blâme directement la présidence de La Poste.
La victime avait envoyé un mail, le jour de sa mort, aux différents syndicats CGC, la CFDT, SUD et la CGT. Patrice Campion, délégué SUD dans le Finistère, a expliqué à l'AFP que le cadre y précisait avoir "laissé d'autres documents chez lui" à l'attention des syndicats. Patrice Campion les a récupérés mardi. "On nous a remis une chemise, une pochette où tout était préparé. Dans ces documents figuraient une série de courriers, des comptes-rendus d'entretiens et deux CD, l'un avec des vidéos et un autre avec d'autres documents dont des enregistrements audio d'entretiens qu'il avait eus avec sa hiérarchie", explique le délégué syndical.
“J’ai l’impression d’un acharnement“
Dans ces documents, transmis mercredi à l'AFP par le syndicat SUD, le cadre quadragénaire, marié et père de deux enfants, "considère la hiérarchie de La Poste (à tous niveaux) à l'origine de (s)a perte de repères". "Depuis plus de trois ans, j'ai l'impression d'un acharnement, d'une volonté hiérarchique de m'acculer", explique le cadre qui était en arrêt maladie au moment du drame.
"Laissez-moi partir, c'est mon choix", écrit l'employé dans une note baptisée "Mes demandes". Dans cette lettre, il explique ne vouloir aucune réanimation. Il ajoute qu’il fait don de ses organes et réclame une inhumation "dans l'intimité familiale", sans "aucun représentant de la hiérarchie de l'entreprise, ni aucun message de cette même hiérarchie".
Dans une autre note baptisée "Annexe", le carde demande s'il est "envisageable" que sa famille obtienne une pension "en obtenant que (s)on geste désespéré soit requalifié en accident de travail".
“Je prépare mon suicide“
Parmi les documents retrouvés, figure aussi un courriel non envoyé, adressé au PDG de la Poste Jean-Paul Bailly daté du 11 mars, soit le jour même de sa mort. Ce mail a pour objet "SOS" et interpelle directement le PDG. L’employé y exprime se sentir "dos au mur" et estime que sa "carrière à la Poste est terminée". "Cela fait deux fois en moins de six mois que je prépare mon suicide", écrit-il. L'homme, qui était en arrêt maladie, a été retrouvé pendu sur la plate-forme courrier où il venait d'être muté.