Filière djihadiste belge : la traque du cerveau présumé continue

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Noémi Marois et Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
TERRORISME - La Belgique va demander à la Grèce l'extradition d'un suspect arrêté samedi à Athènes.

L'opération antiterroriste qui a ciblé une cellule djihadiste jeudi soir à Verviers, en Belgique, a permis d'arrêter 13 personnes et de stopper la mise en œuvre d'un attentat qui aurait visé les forces de l'ordre. Mais alors que deux de ces terroristes ont été tués lors de l'assaut, le leader présumé du groupe est toujours recherché par les services belges. Dimanche matin, de nouvelles perquisitions ont été menées à Bruxelles, notamment à Molenbeek d'où il est originaire.

Par ailleurs, deux personnes ont été arrêtées samedi en Grèce dans le cadre de cette enquête. La Belgique va demander l'extradition de l'un d'entre eux, qui "pourrait avoir un lien" avec l'affaire, a annoncé dimanche le parquet fédéral. Selon une source policière grecque, il s'agit d'un Algérien de 31 ans qui a purgé une peine de prison en Grèce jusqu'au printemps 2014 pour des vols

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Le chef présumé toujours recherché. Le ministre belge de la Justice Koen Geens a confirmé dimanche que le cerveau présumé de la cellule démantelée jeudi, Abdelhamid Abaaoud, était toujours en fuite. Au sujet du lieu où il pourrait se trouver actuellement, il n'a pas démenti qu'il pourrait être en Grèce. Selon la chaîne flamande VTM, il aurait en effet passé des appels depuis la Grèce au frère de l'un de deux suspects tués lors de  l'assaut de la police jeudi à Verviers.

Ancien combattant de l'organisation État islamique. Abdelhamid Abaaoud, Abou Omar Soussi de son nom de guerre, âgé de 27 ans, serait un Belge d'origine marocaine, originaire de Molenbeek. Il aurait, selon les médias belges, rejoint les rangs de l'organisation État islamique en Syrie. Il apparaît même dans plusieurs vidéos de propagande sur Internet, dont une le montre au volant d'une voiture tirant quatre cadavres mutilés par des militants de ce groupe d'extrémistes. "Toute ma vie, j’ai vu le sang des musulmans couler. Je prie pour qu’Allah casse le dos de ceux qui s’opposent à lui, de ses soldats et de ses admirateurs, et qu’il les extermine", déclare Abdelhamid Abaaoud dans une vidéo postée sur internet en 2014. 

Le djihadiste avait beaucoup fait parler de lui en 2014 en recrutant son petit frère de 13 ans, venu le rejoindre en Syrie. Les médias belges et britanniques avaient alors largement relayé la présence de cet adolescent dans les rangs de l'organisation État islamique. 

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© John Thys/AFP

Des arrestations en Grèce, une extradition demandée. Samedi, deux hommes ont été arrêtés à Athènes dans le cadre de cette enquête. La Belgique a demandé dimanche à la Grèce l'extradition de l'un d'entre eux car il "pourrait avoir un lien" avec la cellule djihadiste de Verviers, a indiqué Thierry Werts, porte-parole du parquet fédéral. "Il y a des éléments suffisants pour demander son extradition", a-t-il ajouté. Interrogé sur son identité ou son rôle dans le réseau terroriste, il s'est refusé à tout commentaire, "pour la sécurité de l'enquête".

L'autre homme arrêté samedi a été libéré dimanche dans l'après-midi sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.

Les services de la police antiterroriste a surtout cherché à vérifier si figurait parmi eux Abdelhamid Abaaoud. Le ministre belge de la Justice, Koen Geens, a évoqué dimanche ces arrestations "qui n'ont pas permis de mettre la main sur la bonne personne". "On continue de le rechercher activement et je suppose que cela va réussir", a-t-il ajouté.

13 personnes arrêtées, deux djihadistes tués. La vaste opération antiterroriste menée jeudi soir en Belgique a permis d'arrêter 13 personnes, dans le cadre du démantèlement d'un groupe qui s'apprêtait à commettre des attentats pour "tuer des policiers", a annoncé vendredi le parquet fédéral de Bruxelles. Parmi les individus interpellés, cinq personnes ont été inculpées pour "participation aux activités d'un groupe terroriste" dont trois ont été placées en détention préventive. L'une des trois personnes placées en détention est le djihadiste présumé qui a survécu à l'assaut donné par la police jeudi soir, à Verviers, dans l'est du pays, dans lequel deux djihadistes présumés ont été tués.

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"Le groupe était sur le point de commettre des attentats terroristes, notamment en tuant des policiers sur la voie publique et dans les commissariats", a précisé le substitut du procureur Thierry Werts. Deux djihadistes présumés ont été tués dans l'opération, lors d'une fusillade à Verviers, dans l'est du pays.

Au total, 12 perquisitions ont été menées et 13 personnes "ont été privées de liberté", a indiqué Thierry Werts, parmi lesquels le troisième suspect blessé à Verviers. Les autres interpellations ont eu lieu à Bruxelles, notamment à Molenbeek, un quartier populaire de la capitale belge. À Verviers, plusieurs armes ont été retrouvées, dont "quatre de type Kalachnikov AK 47 ainsi que des armes de poing, des munitions, des uniformes de police, des téléphones portables, du matériel de communication, des documents falsifiés et de grosses sommes d'argent", a détaillé le parquet. Des armes et des munitions ont aussi été saisies à Molenbeek.

Deux belges interpellés en France. Deux Belges ont également été interceptés en France, à proximité de la frontière, jeudi soir. Le parquet a indiqué que la Belgique allait demander leur extradition. Selon nos informations, la police belge aurait collaboré avec le GIGN pour parvenir à ces deux arrestations. 

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Pas de "lien direct" avec les attentats à Paris. "Nous ne croyons pas qu'il y ait un lien direct" entre les attentats en France et les opérations antiterroristes belges, a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, vendredi à Quimper. "Le lien qui existe, c'est la volonté des terroristes de s'attaquer à nos valeurs, à nos concitoyens".