Etat islamique : que sait-on de l'enquête sur les deux suspects français ?

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Deux hommes sont suspectés d'avoir pris part à la décapitation collective dont la vidéo a été diffusée dimanche. Une enquête les visant a été ouverte pour assassinat en bande organisée.

Et s'il n'y avait pas un, mais deux bourreaux français, présents dans la vidéo de décapitations collectives, diffusée dimanche par l'Etat islamique ? C'est du moins ce qu'a laissé entendre François Molins, le procureur de la République de Paris, lundi, lors d'un point presse. Sa déclaration intervient à la suite de la diffusion d'une vidéo montrant la décapitation de l'otage américain Peter Kassig et celle de 18 soldats syriens. Au regard de ces éléments, une enquête visant ces deux français a été ouverte pour "assassinat en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes criminels".

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Maxime Hauchard, membre de la filière rouennaise. Maxime Hauchard, un Normand âgé de 22 ans, a été formellement identifié dans une "vidéo de propagande" diffusée dimanche par l'Etat islamique. Ce jeune converti à l'islam est bien connu des services de renseignement et de la section antiterroriste du parquet de Paris. Malgré un casier quasiment vierge, une condamnation pour délit de fuite et défaut d'assurance, il est dans le radar des services spécialisés depuis 2011, en raison de son appartenance à la mouvance salafiste radicale rouennaise.

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En 2012, le jeune homme qui s'est converti à l'âge de 17 ans, poursuit sa radicalisation. Entre octobre 2012 et mai 2013, il effectue en effet deux voyages en Mauritanie. Là bas, Maxime Hauchard suit des cours dans une école coranique d'obédience salafiste de Nouakchott. A son retour, il se dit "déçu" par l'enseignement "pas assez radical", qu'il a reçu, rapporte le procureur de la République de Paris.

Selon l'enquête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le converti décide, le 17 août 2013, de quitter la France pour rejoindre la Syrie, via la Turquie. En Syrie, il ne se cache pas, et publie des photos en mars 2014 sur sa page Facebook, en tenue de combat. En juillet, il accorde une interview à la chaîne BFMTV depuis la ville de Raqqa, fief de l'organisation de l'Etat islamique. Et un mois plus tard, toujours sur Facebook, il exhorte des candidats au jihad à le rejoindre.

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Le 24 octobre dernier, un mandat de recherche est finalement délivré à son encontre. Désormais, son implication au sein de l'Etat islamique ne fait plus de doute. Il a en effet été formellement identifié dans la vidéo de décapitation collective diffusée dimanche par les membres du groupe djihadiste.

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"Un second suspect âgé de 22 ans. Le parquet de Paris est toutefois moins formel concernant le second suspect. François Molins a évoqué la présence "possible" sur ces mêmes images d'un "second ressortissant Français" qui "pourrait être impliqué".

"Il pourrait s'agir, compte tenu des éléments de ressemblance, d'un jeune converti né en 1992 et parti rejoindre les rangs de l'Etat islamique en août 2013", a dit le procureur de la République de Paris. Ce second suspect serait donc parti en Syrie à la même époque que Maxime Hauchard. Toutefois, impossible de savoir s'ils sont partis ensemble. Seule certitude, contrairement à Maxime Hauchard, le second suspect ne fait pas parti de la filière salafiste rouennaise.

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Ce deuxième homme, dont l'identité n'a pas été précisée, "fait lui aussi l'objet d'un mandat d'arrêt", dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en octobre 2013.

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Une nouvelle enquête ouverte contre eux. Si l'implication du second suspect au sein de l'Etat islamique reste à déterminer, une enquête a toutefois été ouverte lundi contre les deux individus. "Au regard de ces éléments, une enquête visant ces deux français a été ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris, pour assassinat en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes criminels", a indiqué François Molins.

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Un troisième homme resté en France. Ce dernier a précisé qu'un troisième homme, resté en France, avait été mis en examen et laissé libre sous contrôle judiciaire la semaine dernière. Il est soupçonné d'avoir envisagé de se rendre sur les terres de djihad mais n'est toutefois pas parti en Syrie.