Cocaïne disparue : un policier insoupçonnable mais ...

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Fabienne Cosnay et Guillaume Biet , modifié à
PORTRAIT - Derrière le bon flic apprécié par tous, les enquêteurs commencent à découvrir quelques zones d’ombre. Dont un patrimoine conséquent.

Il est le principal suspect dans l’affaire des 52 kilos de cocaïne volatilisés au 36, Quai des orfèvres. Interpellé samedi sur son lieu de vacances à Perpignan, le fonctionnaire de police qui travaillait à la brigade des stupéfiants a été transféré à Paris, samedi soir, pour être interrogé par l'IGPN, la police des polices. Au cours de cette garde à vue qui n'est pas encore terminée et qui peut durer jusqu'à quatre jours, les enquêteurs espèrent en apprendre un peu plus sur sa personnalité.

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Il affiche une grande sérénité. Le brigadier, toujours en garde à vue dimanche, nie toute implication dans cette affaire de vol spectaculaire inédite dans les locaux de la police judiciaire parisienne. Les enquêteurs de l’IGPN sont surpris par la grande sérénité qu’il affiche. Samedi matin, quelques heures à peine avant son interpellation, il téléphonait même à son service, depuis ses vacances à Perpignan, pour faire le point sur une affaire. D’après les informations d’Europe 1, le fonctionnaire des Stups, âgé de 33 ans, était bien présent, jeudi au 36, Quai des orfèvres, quand le scandale a éclaté. Et ce jour-là, ses collègues ne l’ont pas senti particulièrement inquiet.

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Il s’intéressait à la salle des scellés. Après coup, ses collègues se sont remémoré certains détails troublants. Certains se souviennent notamment de son attitude insistante ces dernières semaines pour accéder sans raison apparente à la fameuse salle ultra-sécurisée des scellés dont l'accès nécessite de signer un registre et d'être accompagné d'un fonctionnaire en possédant la clé. D'après les informations recueillies par Europe 1, c'est grâce à un témoignage que l’IGPN a pu identifier le brigadier. Une policière chargée de contrôler l'un des sas d'accès à la PJ s’est souvenue avoir vu passer en pleine nuit un policier du "36", qui sortait avec deux gros sacs remplis de pains de drogue. L'exploitation des moyens vidéo autour du "36" a permis "d'établir une forte ressemblance entre cet individu et un fonctionnaire des Stups.

Un brigadier insoupçonnable. Le policier, décrit comme "beau gosse" et "grand sportif", n’avait jusque-là pas attiré l’attention. A la brigade des Stups depuis quatre ans, il était considéré comme un très bon flic toujours disponible. Bien noté par sa hiérarchie, apprécié par ses collègues, le brigadier, aujourd’hui accusé d’un vol spectaculaire de cocaïne, était insoupçonnable. Un fonctionnaire de police modèle, en somme : marié, père d’une fillette de 11 mois, et qui a grandi à Perpignan où il a fait toute sa scolarité et même l’école de police. Loin de l’image d’un ripou.

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Un patrimoine qui intrigue. Comment ce policier modèle a-t-il pu dérober si facilement 52 kg de cocaïne. Et pourquoi ? Les questions des enquêteurs étaient nombreuses dimanche face à un suspect "quasi muet". La police des polices cherche aussi à déterminer s'il a bénéficié de complicités - outre, peut-être, dans la police - de voyous et/ou trafiquants, alors que les 52 kilos de cocaïne n’ont toujours pas été retrouvés.

Son train de vie est aussi passé au crible. Les enquêteurs s’interrogent sur son patrimoine conséquent. A 33 ans, le fonctionnaire de police est propriétaire d’une demi-douzaine de biens immobiliers, à Perpignan et en région parisienne. Des biens de taille modeste, mais théoriquement impossibles à financer pour un simple brigadier de police.