Affaire Laëtitia : le Conseil général visé ?

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avec Laure Dautriche et agences , modifié à
L’organisme n’avait pas enquêté sur l’agrément de Gilles Patron après la mort de Laëtitia.

Stupeur et malaise au conseil général de Loire-Atlantique. Mercredi, le père de la famille d’accueil de Laëtitia, assassinée en janvier, a été mis en examen pour viols sur la sœur jumelle de la victime, Jessica. Cet assistant familial était agréé depuis plus de quinze ans par le conseil général. Une cinquantaine d’enfants ont été accueillis chez lui. Laëtitia et Jessica, quant à elles, étaient arrivées à l’âge de douze ans. Gilles Patron est accusé d’avoir violé Jessica depuis ses seize ans.

Enquêtes à domicile

Pendant toutes ces années, les services sociaux du conseil général n’ont eu aucun soupçon sur cet homme. Aujourd’hui, ils affirment dans un communiqué avoir appris "avec une immense stupeur et consternation les crimes reprochés par la justice à M. Patron". Obtenir un agrément du conseil général n’est pourtant pas une mince affaire. Tout est réglementé : il faut avoir un casier judiciaire vierge et des psychologues viennent faire des enquêtes à domicile. Ensuite, des contrôles doivent avoir lieu régulièrement.

Malgré tout cela, personne n’a soupçonné un instant Gilles Patron d’abuser de sa fille adoptive. "Après l’affaire Laëtitia, le conseil général n’a pas fait d’enquête sur l’agrément de la famille Patron, ce qui aurait été la moindre des choses", déplore Me Olivier Metzner, l’avocat du père biologique de Laëtitia et Jessica qui se porte partie civile. "M. Patron était rémunéré par le conseil général pour protéger les enfants et il a fait tout le contraire", dénonce-t-il.

Les "doutes" des enquêteurs

L’organisme aurait-il pu se rendre compte plus tôt des agissements présumés de Gilles Patron ? Dans le quartier non plus, personne n’imaginait que "ce personnage bien, respectueux", comme le décrit un voisin, puisse avoir agi de la sorte. Pourtant, en 2010, "une main courante anonyme de la part d'une amie de Jessica avait dénoncé des gestes déplacés de M. Patron", admet Michelle Meunier, vice-présidente du conseil général. Des entretiens ont alors été menés avec Jessica et Gilles Patron, mais n'avaient rien révélé.

Mais selon Le Parisien, le profil de Gilles Patron avait, dès le début de l’enquête sur la mort de Laëtitia, intrigué les enquêteurs. Une note aurait même été envoyée à l’Elysée, quelques jours avant la rencontre de Gilles Patron avec Nicolas Sarkozy, pour faire part de "doutes" sur sa personnalité. Selon une source judiciaire, "il n’y avait rien de probant, mais des éléments recueillis sur place hors procédure nous laissaient perplexes".

Le conseil général a en tout cas retiré "évidemment et immédiatement" l’agrément accordé à Gilles Patron. L'organisme compte également se porter partie civile dans cette affaire. Jessica, quant à elle, a été envoyée dans une nouvelle famille.