Abattu devant sa famille à Villepinte

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avec Guillaume Biet, Emilie Denêtre et Sébastien Guyot , modifié à
La famille de Billal, 21 ans, a été prise en charge par des psychologues lundi en Seine-Saint-Denis.

Billal, un jeune homme de 21 ans, a été abattu devant ses proches à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, dimanche matin vers 5h45. Selon les informations recueillies par Europe 1, il se trouvait chez ses parents, dans une zone pavillonnaire, lorsque quatre individus, cagoulés, armés et portant des gilets pare-balles, ont pénétré dans la maison.

Abattu à bout portant

Ces individus sont montés dans la chambre des parents, ont réveillé le père en se faisant passer pour des policiers et lui ont demandé où se trouvait son fils. Le père leur a indiqué la direction de la chambre de Billal, au 1er étage. Les quatre hommes le sortent du lit, et l'emmènent dans le salon, où ils le contraignent à se mettre à genoux. Plusieurs balles de 9 mm ont été tirées sous les yeux de ses parents, et de ses trois jeunes frères et sœurs, âgés de 17, 16 et 10 ans, qui ont assisté à la scène par l'entrebâillement de la porte du salon. Les quatre assassins avaient auparavant fait se rassembler toute la famille. Le commando quitte ensuite les lieux, volant tous les téléphones portables.

Les quatre hommes ont abattu "quasi immédiatement le jeune homme de trois balles dans le corps", détaille Christophe Ragondet du syndicat Alliance. "Avec trois balles à bout portant, vous ne laissez aucune chance à la victime", ajoute-t-il. "Il est beaucoup trop tôt pour savoir s'il s'agit d'un contrat", précise le policier.

Un règlement de comptes lié à la drogue ?

La victime était connue de la police pour des délits mineurs. Selon des sources concordantes, son exécution pourrait être un règlement de comptes lié à la drogue. "On sait que la victime devait quelque chose à une autre bande, il avait peut-être une dette", a indiqué une source policière. "C'est en tout cas extrêmement rare de voire ce genre d'exécution de type mafieuse dans le secteur", a estimé cette même source. L'enquête a été confiée à la brigade criminelle de Paris.Mais Billal n'était connu de la police que pour des faits de petite délinquance.

L'explication se trouve peut-être dans l'emploi du temps du jeune homme. La veille au soir, Bilal était rentré d'une semaine au ski organisée par une association de quartier. Il est alors sorti de chez lui, et rentré bien plus tard dans la nuit.

La famille très choquée

Les parents, les petites sœurs et le frère de la victime, tous extrêmement choqués, ont été entendus par la brigade criminelle. Dans le quartier de Villepinte où le jeune homme vivait, les habitants sont sous le choc. "C'est une famille sans histoire", a témoigné une voisine au micro d'Europe 1. Lundi matin, la famille de Billal a été entendue par des psychologues de l'hôpital public de Villepinte.

La famille s'apprêtait à entamer une nouvelle vie : elle avait vendu sa maison, pour financer l'achat d'une pizzeria à Paris, dans laquelle Billal devait travailler avec son père.

"L'impression d'être dans un cauchemar"

Pour Naïma, une voisine proche qui le connaissait bien depuis huit ans, rien n'avait changé dans son comportement ces derniers temps ni ne laissait présager un tel drame. "On reste sans voix, on a l'impression d'être dans un cauchemar ou qu'on est en train de regarder un film d'horreur à la télé", explique-t-elle.

Parmi les proches de Billal, certains aimeraient organiser une marche silencieuse en sa mémoire. Un souhait qui n'est pas partagé par la famille du jeune homme qui préfère pour le moment se recueillir dans l'intimité.

La ville de Villepinte "horrifiée"

Le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, s'est rapidement rendu sur les lieux dimanche. Le secrétaire régional adjoint pour le syndicat de police Unsa, Stéphane Pellicia, s'est, lui, inquiété de la circulation des armes dans le département. "C’est un nouveau meurtre commis avec une arme de poing en Seine-Saint-Denis (...) Nous dénonçons depuis plusieurs mois, la facilité avec laquelle les armes circulent dans ce département. Nous en avons encore un tragique exemple ce matin", a-t-il déclaré au Parisien.

Au micro d'Europe 1, le maire-adjoint de Villepinte Christophe Borgel, n'a pu retenir ses larmes, et s'est dit "très ému". Dans un communiqué, la maire de la ville a fait part de son émotion. "Toute notre ville est horrifiée par la brutalité et la barbarie de cet acte dont l’exécution rappelle les méthodes mafieuses dans toute leur abjection", écrit Nelly Rolland.