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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce vendredi, il fait le point sur l'actualité brulante de la semaine.

Tous les jours, Bruno Donnet observe le traitement de l’actualité, par les médias, mais le vendredi il en fait régulièrement le bilan et cette semaine, il a trouvé que l’information était tout particulièrement inflammable.

C’est une petite musique qui s’est installée tout doucement. Une petite musique qui évoquait un peu plus que la chaleur. La fournaise. Le brasier.

Alors, au commencement, lundi, le journal télévisé d’Arte, il a cru que cet ardent réchauffement tenait à la publication du tout dernier rapport du GIEC et à ses conclusions préoccupantes : « Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu’à présent seront parmi les plus fraîches d’ici une génération. »

Du coup, je me suis imaginé que la bande son de cette chaude semaine médiatique pourrait probablement se résumer à ce joli refrain signé Niagara : « Pendant que les champs brûlent, j’attends que mes larmes viennent. Ouh ouh ouh. »

Seulement à mesure que la semaine avançait, cette petite musique doucereuse devenait de moins en moins appropriée. Car si le feu couvait bel et bien cette semaine, comme l’a rappelé le député Charles de Courson, les allumettes étaient surtout à l’Assemblée nationale : « En réalité, rien ne vous obligeait au 49.3. »

Avec sa motion de censure, rejetée pour seulement 9 petites voix, Charles de Courson a ouvert la boite de Pandore : « Ce vote, vous l’auriez très probablement perdu. Mais c’est la règle en démocratie. »

Car cette semaine, le feu aura essentiellement été social : « 49. », on n’en veut pas. 49.3, on n’en veut pas ! »

Il couvait depuis plusieurs semaines et les télévisions n’ont eu aucune difficulté à en identifier le carburant : « La grève des éboueurs va fournir le combustible aux contestataires. »

Toute la semaine, les journalistes ont insisté sur ces images de poubelles amoncelées. Et c’est à ce moment-là que la bande son a changé. Car les poubelles sont tombées à point nommé : « Afin que nous puissions y mettre quoi ? Le feu ! »

Le feu, c’est extrêmement télégénique, voilà pourquoi toutes les chaînes nous l’ont très largement montré, ainsi que les heurts qui ont rythmé les manifestations : « Les face à face se transforment parfois en mêlées confuses. Les coups de matraque pleuvent. »

Avec une mention spéciale tout de même pour BFM-TV qui a retransmis, en direct, et tous les soirs de la semaine ces images d’incendies, au point qu’on n’avait plus tout à fait l’impression de regarder une chaîne d’information mais bien un clip. Un clip pour ce titre, signé I Am : « ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu. Ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu ! »

Alors devant l’embrasement et la vigueur du feu social, la petite musique de l’info a changé car l’actualité réclamait un pompier : « Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux, des lances et de la grande échelle ? Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux ? »

Seulement voilà, le sommet de l’État en a décidé autrement et a préféré dépêcher Emmanuel Macron, mercredi, dans les journaux de 13 heures : « Mais on ne peut accepter ni les factieux, ni les factions. »

En entendant cette phrase, Bruno Guillon qui anime le jeu « Chacun son tour » a bien tenté de mettre en garde le président de la république : « ça, ça va pas donner grand-chose hein. Ça je vous l’annonce. »

Mais Emmanuel Macron n’en a tenu aucun compte, car dans la lance à incendie qu’il avait emporté, avec lui, a la télé, le président de la République avait collé de l’essence : « Et s’il faut derrière endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserais. »

Résultat, les manifestants ont été immédiatement convaincus : « Là, il nous a tous convaincus de rester le plus longtemps possible ! Clairement, ce président il est totalement déconnecté ! On hallucine ! »

Et la manifestation d’hier, à Paris, a atteint un sommet de participation qu’on n’avait plus connu depuis mai 68. 

Mais les flammes, cette semaine, elles n’étaient pas uniquement à l’Assemblée nationale ou dans la rue. Le feu couvait, aussi, au Sénat. Xavier Niel, le patron de Free y a été auditionné. Et le sénateur républicain, Patrick Chaize, lui a reproché de pratiquer des prix beaucoup trop bas : « Je ne comprends pas d’ailleurs (…) que vous ayez une politique tarifaire agressive qui donc annonce une stabilité de vos tarifs sur les années qui viennent. Mais ma question c’est est-ce tenable ? »

Xavier Niel s’est mis en boule. En boule de feu : « Vous êtes en train de me dire augmentez vos prix ? »

Et il a convoqué finalement la meilleure bande son de l’information : « Alors attendez, alors là, moi je marche sur la lune ! »

Car devant autant d’agitation cette semaine la Police était finalement beaucoup plus indiquée que les pompiers ou les chutes du Niagara.