Les histoires extraordinaires – Pépé le putois

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Marc Messier brosse ce dimanche le portrait de l'une des plus grossières caricatures du mâle français, auquel a été comparé Emmanuel Macron en Australie.

Pour les américains, c’est le héros de dessin animé le plus français qui soit. En vérité, l’une des plus grossières caricatures du mâle hexagonal inventée par Hollywood. Une pochade doublée d’une méprise.  Pepe The Pew n’a de commun avec le putois que l’odeur particulièrement infecte qu’il dégage. L’un, l’animal, à chaque fois qu’il se sent en danger dans la nature. L’autre, le personnage, tout au long de ses aventures au cinéma. Pour le reste, Pépé et le Putois n’ont rien à voir.

Pepe The Pew est en réalité une mouffette zébrée, que l’on appelle aussi un sconce, un skunk en anglais. Une cousine américaine du Blaireau. Un pelage noir rayé de blanc sur le dos et une énorme queue, aussi touffue que débordante de panache. Une apparence autrement plus flamboyante que celle de notre petit putois européen, tout riquiqui, tout brun, qui n’a de noir et blanc que la gueule. C’est cette Mouffette zébrée, qui libère elle aussi un gaz pestilentiel, qui a servi de modèle pour Pepe The Pew. Pew signifiant, au passage,  en argot américain "qui pue, qui schlingue".

Pepe The Pew, un personnage apparu au cinéma, aux Etats-Unis, en 1945, à la fin de la guerre. Charles Martin’s, alias Chuck Jones est alors l’un des créateurs vedettes des Looney Tunes, produits par la Warner, ces fameux dessins animés de quelques minutes, emmenés, sur un rythme trépidant, par Bugs Bunny, Titi et Grosminet. Chuck Jones qui est le père, notamment, de Marvin le Martien, de l’oiseau Bip-Bip et de Vil Coyote a l’idée de donner un petit côté Français à sa Mouffette. Comme des millions d’étrangers, Jones a une idée toute faite des Français : La Femme est gracieuse et élégante et le Mâle, un séducteur collant et prétentieux, balourd et gaffeur.  Mais surtout : Il sent mauvais.

Le Français qui pue, une vieille rumeur qui remonte au 16ème siècle. Lorsque les Parisiens balançaient leurs ordures et le reste par les fenêtres, sans prévenir les passants. Les diplomates étrangers, de passage, à Versailles,  racontant,  un siècle plus tard, une fois rentrés chez eux, que le Palais du Roi Soleil maquait singulièrement d’hygiène et que ça fouettait sérieusement à la Cour de France. L’image d’un peuple de gros dégueulasses, aggravée, depuis, par une consommation de savon, qui reste, selon les enquêtes les plus récentes, deux fois moins importante chez nous que chez nos voisins européens.  L’explication, sans doute de l’odeur que dégage en permanence Pepe The Pew.

Pépé qui parle à moitié Français dans toutes ses aventures. Une espèce de franglais, mêlé d’Espagnol ou d’Italien. Une coquetterie pour tenter de séduire Pénélope, une chatte toute noire, française et très distinguée, qui s’est accidentellement pris une giclée de peinture blanche sur le dos. Une méprise, encore. Pépé la poursuit, la traque à longueur de cartoons, convaincu que c’est sa Pépée, la femelle de sa vie.

Pepe the Pew qui tire son nom du film Pépé le Moko avec Gabin. Ou plutôt de Casbah le remake américain du film de Julien Duvivier, sorti, un an plus tard, en 1938,  avec Charles Boyer. Rien à voir avec Johnny Depp et son personnage de Jack Sparrow, un personnage inspiré, selon ses scénaristes,  par Pepe The Pew. Une caricature, quelques traits d’humour, "delicious" comme on ne doit pas dire en Australie.