"Tape dans le ballon et tais-toi !" : un joueur de foot a le droit d’avoir des convictions !

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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur les polémiques qui ont éclaté suite à la volonté de l'équipe de France de poser un genou à terre pour protester contre le racisme et suite à la déclaration de Ronaldo qui préfère boire de l'eau que du soda. Selon elle, un joueur de foot a le droit d’avoir des convictions.

L’Euro de foot a commencé il y a sic jours. L’Italie a battu la Suisse 3 à 0 hier soir et est déjà en huitièmes de finale. Un adversaire de taille pour les Bleus. Mais pour Virginie Phulpin, les footballeurs ont d’autres adversaires : tous ceux qui leur disent, en gros, "joue et tais-toi".  

Qu’est-ce qu’un footballeur a le droit de dire, de faire, pendant que tout le continent le regarde ? Pas grand-chose, en fait. Ces derniers mois, on a vu qu’ils avaient de plus en plus envie et besoin de s’exprimer sur des sujets de société. Mais ça chiffonne beaucoup de gens, qui aimeraient voir le stade et ses dieux rester une grande muette.

Vous avez vu la levée de boucliers en France quand les Bleus ont dit qu’ils voulaient mettre un genou à terre pour lutter contre le racisme. On leur répond de rester à leur place, de taper dans le ballon, de garder la politique hors du stade et de laisser faire les grandes personnes. Les Bleus ont renoncé. Mais ce que Virginie Phulpin trouve gênant, c’est qu’ils sont, eux, régulièrement confrontés au racisme dans les stades, les instances les ont autorisés à s’agenouiller avant un match, mais ça ne passe pas dans l’opinion publique.

Que vous soyez favorables ou opposés à ce geste, peu importe. Les joueurs devraient avoir le droit d’avoir leur propre avis et de l’exprimer. Là, ils sont en permanence pris entre le marteau et l’enclume. Pourquoi tu veux t’exprimer sur ce sujet, et sur tel autre sujet, alors, pourquoi tu n’as rien dit ? Ce sont des joueurs de football, ils représentent leur pays, oui, mais ce sont aussi des hommes, des citoyens. Pas des enfants à qui on fait la leçon en permanence.  

Cristiano Ronaldo a aussi été raillé quand il a repoussé des bouteilles de Coca devant lui en conférence de presse. 

C’est le meilleur exemple de la puissance du discours d’un footballeur star. Cristiano Ronaldo lève le petit doigt, et ça fait caisse de résonance dans le monde entier. Là, le Portugais a enlevé deux bouteilles de Coca devant lui et dit qu’il fallait boire de l’eau. Résultat, l’action de Coca a dévissé en bourse, et la marque a perdu quatre milliards d’euros en deux temps trois mouvements. Ce qui est assez vertigineux.

Ça fait peur parce que Ronaldo a aussitôt été décrié. Ah oui, ça le gênait moins, quand il était plus jeune, de signer des gros contrats pour faire de la pub pour de la malbouffe. Soit. Mais il n’a pas le droit d’avoir mûri, d’avoir un autre rapport à l’alimentation ? Il n’a pas appelé à la révolution, il a juste dit que c’était mieux de boire de l’eau. C’est ça, on devrait peut-être se calmer et boire un peu d’eau.

Ça n’est pas aussi simple que ça, Coca est un sponsor de l’Euro, et on ne balaie pas un sponsor d’un revers de la main. Mais si Ronaldo n’a pas envie de jouer les hommes-sandwich pour tout et n’importe quoi, ça s’entend aussi. Ça mérite une réflexion sur le sponsoring. Mais pour ça il faudrait admettre qu’un joueur de foot a le droit d’avoir des convictions, et qu’il ne fait pas que taper dans la balle.