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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur le fiasco de la finale de la Ligue des champions organisée au Stade de France samedi soir et sur celui qui a également eu lieu à Saint-Étienne après le match de barrage perdu et la descente des Verts en Ligue 2. Selon elle, ces événements doivent nous faire changer avant Paris 2024.

Une réunion va avoir lieu ce matin au ministère des sports après le fiasco de l’organisation de la finale de la Ligue des Champions au stade de France. Le but est d’analyser les dysfonctionnements. On aurait dû commencer par ça plutôt que de partir dans tous les sens en racontant n’importe quoi.

Ce sera plus utile que d’accuser les supporters anglais d’être la source de tous les maux. C’est presque un réflexe, en France, de pointer du doigt le comportement des supporters. Parfois à raison. On l’a encore vu hier soir à St Etienne, avec l’envahissement de la pelouse et les jets de fumigènes à la tête des joueurs. Inacceptable et dangereux. Mais je ne vois pas bien le rapport avec ce qui s’est passé au stade de France. Ca n’est pas un fiasco des supporters, mais de l’organisation. Tous les témoignages concordent. Dès la sortie du RER, c’était n’importe quoi. Des goulots d’étranglement qui empêchent la foule d’avancer, des supporters avec billets empêchés de rentrer dans le stade, des gens sans billet qui escaladaient les grilles, des policiers faisant usage de gaz lacrymogènes à tort et à travers. Le chaos en mondovision, et on peut s’estimer heureux que ça ne soit pas plus mal fini. 

Alors à qui la faute ? Il va falloir dépasser le simplisme de bas étage. Non, les supporters anglais ne sont pas une bande de hooligans assoiffés de bière et de bagarre qui veulent tous rentrer sans billets. Liverpool a participé à plusieurs finales de ligue des champions ces dernières années, et c’est la première fois qu’on assiste à cette pagaille. L’exemple anglais des tribunes, on l’utilise quand ça nous arrange. Pourquoi n’a-t-on pas su gérer ? Ensuite, les jeunes locaux, qui ont cherché à rentrer sans billet. Ils profitent de la caisse de résonance de cette finale pour semer le chaos. Mais pourquoi ils arrivent jusqu’au stade, pourquoi il n’y a pas de cordons de sécurité plus éloignés ? Et puis ces policiers qui utilisent leur lacrymo plus vite que leur ombre, est-ce qu’ils sont formés à la gestion des supporters, aux mouvements de foule d’une finale ? On peut en douter. 

La France doit reconnaître ses erreurs pour avancer, parce que Paris 2024 arrive vite.

 

Remettre la faute sur les autres ne nous avancera à rien dans l’optique de ces jeux olympiques et paralympiques dont la cérémonie d’ouverture aura lieu en pleine ville. Ce qui semblait la meilleure des idées peut faire peur aujourd’hui. Serons-nous capables de gérer ? Les données sont quand même très différentes entre des jeux et un match de football. Ce qui pose problème c’est la question des supporters. À force de ne pas s’occuper de cette question, les pouvoirs publics se retrouvent démunis. Quand je dis qu’on ne veut pas s’en occuper, je parle de ces arrêtés préfectoraux qui interdisent, semaine après semaine, le déplacement de supporters. À force d’interdire, on ne sait plus faire. La France ne sait plus gérer les déplacements de supporters. Alors allons-y, analysons tous les manquements, à tous les niveaux. Que chacun reconnaisse ses erreurs. C’est le seul moyen de pouvoir les corriger. Il reste deux ans avant Paris 2024. Et une éternité avant la prochaine finale de ligue des champions en France.