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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin revient sur les adieux de Jo-Wilfried Tsonga à Roland-Garros. Après sa défaite au premier tour de la quinzaine, il prend sa retraite.

Ça y est, c’est fini. Jo-Wilfried Tsonga a joué son dernier match de tennis hier à Roland-Garros. Il s’est incliné en 4 sets face à Casper Ruud au premier tour. En nous offrant un condensé de cette fabuleuse carrière qui aura duré 18 ans. 

On compare souvent la retraite d’un sportif à une petite mort. Et là, à l’approche de cette fin annoncée, on a vu défiler devant nos yeux la carrière exceptionnelle de Jo-Wilfried Tsonga. D’abord pendant le match. Un parfait résumé de ces 18 ans raquette à la main. Le Français est arrivé pour son dernier Roland Garros sans véritables repères, avec son tennis qui s’évaporait petit à petit. Face à lui, Casper Ruud, 9ème mondial. Autant dire qu’on s’attendait à une dernière apparition anecdotique. Et là, Jo-Wilfried Tsonga nous a offert la panoplie complète de sa grandeur passée. Un service surpuissant qui flirte ou dépasse les 200 kilomètres heure, un coup droit ravageur qui envoie l’adversaire dans les cordes, et cette volonté intacte de se battre sur tous les coups, de se donner entièrement sur un court. Avec le sourire en prime, et ses demandes d’encouragement au public en communion totale. Jo-Wilfried Tsonga a réussi à nous remettre des étoiles dans les yeux en nous faisant voyager dans le temps pour parcourir ses 121 victoires en grand chelem, ses combats gagnants contre les monstres Nadal, Federer et Djokovic, pour nous rappeler sa médaille olympique et sa victoire en coupe Davis avec les Bleus. Pendant 3h30, on a crû qu’il allait pouvoir repousser les limites du temps. Le 5ème set lui tendait les bras avant que les pépins physiques ne le rattrapent. Et ça aussi, c’est symbolique, pour un joueur qui a si souvent vu les blessures briser son élan en début de carrière. Comme une boucle bouclée avec panache. Un petit gars qui voulait jouer au tennis, qui a électrisé les courts du monde entier, et qui part par la grande porte.

L’hommage rendu après le match était aussi un moment fort.

 

Que celui ou celle qui n’a pas écrasé une petite larme me jette la première pierre. J’avais rarement assisté à une fin de carrière aussi émouvante. De la longue standing ovation du public au défilé de tous ceux qui ont participé à la réussite de Jo-Wilfried Tsonga depuis son plus jeune âge, là encore on s’est repassé le film de ses 18 ans au plus haut niveau. Et puis les potes étaient là aussi. Quand Gilles Simon est apparu pour prendre Tsonga dans ses bras alors qu’il jouait juste après, je me suis dit que le fait que Tsonga soit le deuxième Français le plus titré de l’histoire après Yannick Noah n’avait pas tant d’importance que ça. Ce qui montre la grandeur du joueur, c’est cette émotion débordante, l’amour de ses pairs et du public. Jo-Wilfried Tsonga était en larmes à la fin de ce dernier match. Il s’est agenouillé pour embrasser cette terre battue chérie qui est restée collée à son front. Ultime symbole de la marque indélébile qu’il laisse en partant. Il l’a souligné dans son discours, il n’a pas toujours eu des rapports faciles avec les médias. Trop ceci, pas assez cela. C’est vrai qu’on n’est pas toujours tendres. Mais à la fin, on se souvient des belles choses. Alors merci, Jo !