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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur le nouveau défi qui attend Christophe Galtier, l'entraineur de Lille qui est confronté à la vente du club et à de nouveaux actionnaires.

Lille reste leader du championnat de France de football après sa victoire 2 à 0 à Dijon ce mercredi soir. Sportivement tout va bien, et pourtant le club va changer de mains. Le propriétaire Gérard Lopez devrait le vendre à un fonds d’investissement luxembourgeois. Pour Virginie Phulpin, c’est la fin d’un modèle économique voué à l’échec. 

Les victoires sur le terrain sont parfois illusoires. Le LOSC est une des équipes les plus enthousiasmantes de cette première partie de saison. Oui, mais ça ne suffit pas pour pérenniser un projet. Depuis son arrivée à Lille, Gérard Lopez, le propriétaire, a fait un pari. Faire progresser le club par la spéculation. Ça a l’air d’un gros mot comme ça, mais l’idée est intéressante. On achète de jeunes joueurs au fort potentiel, on les fait progresser en les faisant jouer, puis on les revend à prix d’or pour réaliser de jolies culbutes. Et ensuite, on recommence.

Ça a fonctionné un temps. Si on prend l’exemple de la saison 2018-2019, les jeunes pousses du LOSC ont brillé, le club a fini sur le podium de Ligue 1, qualifié pour la ligue des champions, et les mastodontes du foot anglais sont venus faire leur marché. L’attaquant Nicolas Pépé a par exemple été vendu 80 millions d’euros à Arsenal. Gérard Lopez a essuyé de nombreuses critiques, on lui reprochait notamment de ne s’intéresser qu’aux questions financières. Mais ça n’est pas tout à fait vrai. Pour que les joueurs prennent de la valeur et puissent être bien vendus, pour que Lille réduise sa dette, il faut des résultats sur le terrain. La croissance du club dépend donc du football. Et depuis que Christophe Galtier est sur le banc lillois, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir un projet de jeu. 

La crise a eu raison de ce modèle économique.

En fait c’est un modèle qui ne peut fonctionner que quand tout va bien à Lille. Et là, le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne va pas très bien en ce moment. Entre la crise sanitaire qui a vidé les stades et Mediapro le mauvais payeur qui engendre une crise des droits télé, le LOSC n’arrive pas réduire son endettement. Pourtant le club a encore vendu des joueurs cet été. Mais ça ne peut pas suffire. Pour que ce modèle fonctionne, il faudrait des ressources supplémentaires que Lille ne peut pas obtenir. Ça n’est pas un club assez populaire au niveau national et a fortiori international pour générer d’autres revenus qui seraient indispensables en ce moment pour pérenniser le projet de départ. D’ailleurs c’est Gérard Lopez lui-même qui dresse le constat. Le temps est peut-être venu d’un changement de modèle économique.

Alors là, avec l’arrivée probable de Merlyn Partners, ça devrait permettre d’avoir une situation financière plus stable. D’accord. Et le football dans tout ça ? Le futur propriétaire veut garder Christophe Galtier. Mais est-ce que l’entraîneur aura envie de rester avec cette nouvelle donne ? Pas sûr. Et puis il faudra encore vendre des joueurs dans les mois qui viennent. Donc le LOSC pourrait bien régler sa crise financière en se créant une crise sportive…