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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur la façon dont les instances sportives traitent Peng Shuai, la championne de tennis chinoise qui a disparu des radars après avoir révélé avoir été victime de viol.

On ne se demande plus où est Peng Shuai. La joueuse de tennis chinoise qui avait accusé un ancien haut dirigeant de viol est réapparue en public. Et le président du CIO s’est entretenu avec elle par visio. Entre le comité international olympique et la WTA, l’association des joueuses de tennis, on n’a pas vraiment la même façon d’aborder l’affaire.  

C’est deux salles deux ambiances. La WTA a certes mis du temps avant de réagir. Mais maintenant, les dirigeants du tennis féminin ont pris le problème à bras le corps et ils sont droits dans leurs bottes. Peut-être que vu l’ampleur de la mobilisation mondiale, ils se sont dit qu’ils avaient plus à gagner à engager un bras de fer avec la Chine plutôt que de chercher à éviter l’affrontement pour protéger leurs intérêts. Sans doute que ça a joué. Mais peu importe finalement.

Aujourd’hui, la WTA ne lâche rien et c’est ce qu’on doit retenir, parce que c’est suffisamment rare qu’une instance sportive tienne tête à un pays comme la Chine. D’ailleurs la WTA se dit prête à se retirer totalement du marché chinois, alors que c’est le plus lucratif pour elle. Elle exige toujours une vraie enquête au sujet des accusations de viol proférées par Peng Shuai. Et la communication en gros sabots de la Chine ce week-end n’y change rien. On a vu Peng Shuai au resto, Peng Shuai à un tournoi de tennis junior… D’accord, on a la preuve qu’elle est en vie. Mais rien ne nous dit qu’elle est libre de ses mouvements et de ses paroles. Donc la WTA n’est pas convaincue et elle le fait savoir.

Le comité international olympique est moins critique vis à vis de la Chine. 

C’est le moins qu’on puisse dire. Est-ce que ce serait parce qu’il y a des jeux olympiques à Pékin dans deux mois ? Oh non, je n’ose pas y croire… Thomas Bach le président du CIO s’est entretenu pendant une demi-heure avec Peng Shuai ce week-end. Très bien. Mais déjà il a oublié de lui parler de ses accusations de viol. Avouez que c’est ballot. Une étourderie sans doute. Et que dire du fait que pendant cet entretien, Peng Shuai ait été accompagnée par quelqu’un pour l’aider à comprendre l’anglais ? Vous croyez vraiment qu’au bout de 15 ans sur le circuit de tennis, la joueuse ne sait pas se débrouiller en anglais ? A d’autres. Elle est sous surveillance, c’est tout.

On ne va pas s’y laisser prendre On sait que Peng Shuai est en vie. Mais libre, ça, j’en doute. Et qu’une instance comme le CIO se laisse embarquer dans la grossière opération de communication de la Chine juste avant les JO de Pékin est extrêmement gênant pour rester polie. Que le comité olympique ne se mouille pas dans cette affaire pour respecter sa sacro-sainte neutralité, c’est déjà difficile à accepter. Mais qu’il serve la propagande chinoise aussi éhontément sans se préoccuper du sort de Peng Shuai, c’est pire. Ils vont être intéressants ces jeux olympiques et paralympiques