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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin s'intéresse à la présence de trois clubs anglais en finale des deux compétitions européennes de football, la Ligue des champions et la Ligue Europa. Selon elle, cette mainmise des clubs anglais sur le football européen est aussi réjouissante qu’effrayante.

La finale de la Ligue Europa opposera Manchester United à Villarreal. Celle de la Ligue des Champions opposera Chelsea à Manchester City. Les clubs de foot anglais dominent l’Europe cette année. Pour vous, cette mainmise est aussi réjouissante qu’effrayante.  

C’est le paradoxe anglais. Trois clubs qui squattent les finales européennes, il y a un petit côté "le foot revient à la maison" assez sympa. Vous savez ce fameux retour aux sources célébré dans l’hymne de l’Euro 96 qui s’était joué en Angleterre, "Football’s coming home". Un soupçon de vanité et une touche d’autodérision, les deux mamelles de l’Angleterre. Autant que le foot et la musique.

Célébrer les clubs anglais et leur réussite du moment, ça va largement au-delà de la passion sportive. C’est une plongée dans la culture de la Grande-Bretagne. Dis-moi quel est ton groupe préféré, je te dirai quel club tu soutiens. Les frères Gallagher d’Oasis n’ont plus qu’un point commun, c’est leur amour pour Manchester City. Liam Gallagher s’est bien moqué de Neymar lors de la demi-finale de la Ligue des Champions contre le PSG. C’est un supporter pur et dur. En finale, Manchester City sera opposé à Chelsea. Et tiens, l’un des fans VIP du club londonien, c’est Damon Albarn, de Blur. Ça va être un remake de la guerre de la brit-pop des années 90, cette finale.

Vu de France, ça rend un peu jaloux tout ça. On est assez loin des trois clubs en finales, et assez loin aussi de cette imbrication entre le foot et la culture. Le football, c’est un mode de vie outre-Manche. Regardez comme les supporters se sont mobilisés pour dire non à la Super Ligue, ils défendent leur "way of life". Donc voir les clubs anglais à ce niveau-là, c’est forcément un peu touchant. 

Ça n’est pas que de la culture, ça témoigne surtout de la puissance des clubs anglais. 

Ils sont culturellement puissants, mais financièrement encore plus. Tout n’est pas que littérature. Regardez Chelsea et Manchester City. Face à face en finale de la ligue des champions. Mais aussi dès demain en championnat. Les mêmes grandes affiches toutes les semaines, on croirait déjà la Super Ligue.

La Premier League anglaise a fait exploser les droits télé, la plupart des clubs sont détenus par de riches capitaux étrangers, et c’est comme ça qu’ils arrivent à dominer l’Europe cette année.

Une vraie culture du foot, oui, mais aussi un sens inné du business. Celui-là même que les supporters ont dénoncé avec la Super Ligue. Aimer le foot anglais, c’est aussi accepter ses contradictions.