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C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Liverpool est champion d’Angleterre pour la première fois depuis 30 ans. Les fans se sont rassemblés autour du stade hier soir malgré l’interdiction. Virginie Phulpin, on ne peut pas ne pas aimer Liverpool. 

"Celui qui n’aime pas Liverpool n’a pas de cœur". Cette phrase de Jürgen Klopp, l’entraîneur, résume bien la situation. Vous trouverez peu de passionnés de foot qui détestent Liverpool, à part les supporters de Manchester United. Mais c’est aussi la rivalité ancestrale de ces 2 clubs du Nord de l’Angleterre qui donne ses lettres de noblesse au foot anglais. La force de Liverpool, c’est son pouvoir d’évocation, qui va largement au-delà des fans de foot. Vous prononcez « Liverpool », deux choses vous viennent à l’esprit. La musique bien sûr. Oui, Liverpool, c’est les Beatles. Et Liverpool, c’est Anfield Road. Un stade qui ne peut laisser personne insensible quand la foule porte ses joueurs. On est nombreux à avoir écrasé une petite larme en entendant cet hymne, même sans attachement particulier à cette équipe. Liverpool est tellement ancré dans notre inconscient qu’on a une mémoire sélective. Aujourd’hui, de l’ambiance, à Anfield, il n’y en a plus vraiment. La hausse du prix des places a vidé les tribunes de son public populaire et d’une partie de leur âme. Mais le mythe est resté. Et puis cette équipe s’est relevée après les drames du Heysel et de Hillsborough. Ce hooliganisme meurtrier aurait anéanti la plupart des clubs. Liverpool a réussi à digérer, en acceptant sa part d’ombre pour se reconstruire. Et c’est aussi cette complexité qui nous fait aimer ce club. Pour le meilleur et pour le pire. 

Cette équipe est aussi une de celles qui nous apporte le plus de bonheur sur le terrain, pour vous

A l’image de son entraîneur. Jürgen Klopp aime le foot et il aime ses joueurs. Et son sourire communicatif, j’ai l’impression de le retrouver dans la façon de jouer de son équipe. Liverpool a gagné la Ligue des champions il y a un an, aujourd’hui le championnat. Et pourtant les joueurs ont l’air de s’amuser autant que dans la cour de récré. Nous aussi, du coup. Sadio Mané et Mohamed Salah n’ont pas gagné le Ballon d’or, et tant mieux. Je préfère les voir gagner ce championnat qui fuyait Liverpool depuis 30 ans. Liverpool, c’est une équipe. Un groupe qui nous donne envie de jouer collectif. Comment pourrait-on ne pas aimer une équipe avec ce genre de message ?