Retour à l'autonomie pour l'Alsace : "C'est la version discrète de l'acte 2 du quinquennat"

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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Une information qui concerne notre géographie ce matin : l’Alsace revient cinq ans la disparition administrative des grandes régions. Et vous nous dites : c'est la version discrète de l’acte 2 du quinquennat.

Ne dites plus décentraliser mais différencier, c'est le nouveau terme la novlangue du gouvernement. En début de semaine, en séance de nuit à l'Assemblée, a eu lieu la bataille pour l’Alsace. Depuis 2014 sondage après sondage les Alsaciens réclament la sortie de la région Grand-Est. Emmanuel Macron a toujours été oppose à cette idée pour éviter la contagion tout en reconnaissant ce qu’il appelle le désir d’Alsace, l’expression du préfet régional. Une revendication portée également par des mouvements identitaires locaux. Mais depuis octobre dernier le mot d’ordre a changé, à la veille de la crise des "gilets jaunes", le gouvernement décrète la réconciliation avec les territoires. 

Lundi soir c’est bien une nouvelle entité territoriale qui est née : avec un président, une assemblée et des transferts de compétences de l’état sur le bilinguisme, les routes et une possibilité de lever une taxe écolo. Les Alsaciens voulaient aller encore plus loin et reprendre leur autonomie mais le gouvernement ne leur a pas donné le bon de sortie. Tout de même, la marque Alsace est sortie de la région Grand-Est avec les ressources du tourisme. La loi devrait être adoptée définitivement en juillet, malgré les abstentions d’élus de la Meuse et de députés lorrains et de Champagne-Ardennes qui ont dénoncé une réforme en catimini et injuste par ce qu'elle accorde des préférences à l’Alsace.

Du côté du gouvernement, on argumente en mettant en avant la concertation, avec des élus surtout alsaciens et favorables au texte, ce qui, effectivement, facilite le dialogue.

Donc l'Alsace reprend son autonomie, ce n’est pas anecdotique car les implications politiques sont multiples. Le gouvernement marche sur des œufs car la création de la nouvelle collectivité européenne alsacienne revient à créer un nouveau département alors que l’on parle de simplification du mille-feuille territorial et administratif.

Des élus de LREM ont fait savoir que les revendications identitaires pourraient se multiplier : la Bretagne, le pays basque et la corse pourraient avoir les mêmes exigences. C'est contradictoire avec le discours sur le roman national porte par Emmanuel Macron. Les élus LR sont majoritairement présents en Alsace, cette fusion imminente du Haut et du Bas Rhin modifie encore l'organisation du territoire, mais est encore un gage à cette droite objet de la conquête présidentielle permanente. Et elle applique sans état d’âme ce proverbe alsacien : "Un bon praticien vaut mieux qu’un grand théoricien".

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