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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Édouard Philippe à la télévision ce mercredi soir face à des Français. Le Premier ministre est très présent dans les médias depuis quelques temps. Est-ce une manière de préparer lui aussi son acte 2 du quinquennat ?

C’était la "grande explication", le titre de l’émission bien trouvé de David Pujadas et dans tous les sens du terme.
Face à des Français qui ne l’ont pas ménagé, le Premier ministre s’est montré direct et cash, histoire de dire qu’il n’y a pas que le président qui sait faire le "titi parisien".
"Je n’ai pas fait cela pour emmerder les Français", s’est exclamé Phillipe à propos de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les petites routes.

Surtout, ce mercredi, c’était une séance de relooking d’image comme on dit.
Quand il termine l’année, Édouard Philippe n’était pas en grande forme et à Matignon on se disait que peut-être le temps des cartons approchait. Mais voilà, la politique c’est l’art du rebondissement. Emmanuel Macron envoit un signal double début 2019. Pour sortir de la crise, "Pas question d’appliquer les recettes classiques de la dissolution ou du changement de Premier ministre, mais il y a la vie politique", dit-il devant la presse.

Il faut dire aussi que pour les Gilets jaunes c’est comme si le Premier ministre n’existe pas. Son nom n’est jamais tagué sur les murs pendant les manifestations, c’est toujours Emmanuel Macron qui est visé.
Voilà donc Édouard Philippe qui peut tranquillement préparer la suite, quoiqu’il arrive.
Tout est clair entre le président et son Premier ministre. Dès le début, Philippe a accepté la règle : le patron c’est Macron !
De l’extérieur, on pourrait dire que Macron fait tout et Philippe fait le reste, mais bien sûr c’est plus compliqué.

Alors qu’est-ce qui fait courir Édouard Phillipe en cette deuxième année du quinquennat ?

"Il cultive l’authentique", comme dirait Pagnol.
La semaine dernière lors d’un déjeuner à l’Élysée avec les présidents des deux Assemblées, on a constaté qu’il contredisait le président. Il n’est pas chaud pour une nouvelle phase de décentralisation, pas favorable non plus à un référendum.
Autour de la table on ouvrait des yeux ronds.

Il reste dans son couloir, il n’a d’ailleurs pas adhéré à en Marche et se heurte souvent à des députés qui trouvent sa politique trop à droite ou trop raide.
Alors qu’en réalité c’est un bobo.

Alors il va assumer de faire du Philippe. Élu local, intellectuel, écrivain… Avec toutes les possibilités devant lui, y compris de rester en politique.
Il a un rêve, celui de faire cinq ans à Matignon et si ça n’est pas le cas, il aura tout de même été l’autre gagnant de l’élection présidentielle. Parce que si Alain Juppé (son père spirituel qui se retire aujourd’hui de la vie politique) avait été élu à l’Élysée, il n’aurait certainement pas été Premier ministre.

Matignon n’est pas un enfer pour Philippe, mais plutôt son paradis blanc.