Chaque matin de cette semaine, Michaël Darmon évoque les personnalités et les événements qui vont marquer 2019.
Bonjour Michael Darmon, ce 1er janvier, vous vous êtes posé une question : l’année 2019 sera-t-elle celle des "gilets jaunes" ? Alors, votre verdict ?
Quand on pense que c’est une décision du gouvernement en octobre 2008 qui a obligé chaque automobiliste à avoir un gilet jaune dans sa voiture… Les historiens de ce marqueront cette date d’une pierre jaune.
Les actes s'enchaînent mais les "gilets jaunes", s’ils veulent durer, devront prendre des décisions rationnelles. Après avoir mobilisé les ronds-points transformés en ZAG, "zones à gilets". Certains souhaitent se transformer en mouvement politique. Et c’est là que les ennuis vont commencer : pour quel programme, quelle vision de la société et avec quels leaders ? Eric Drouet et Benjamin Cauchy qui réclament la démission des dirigeants. Ou Jacqueline Moreau qui veut contrôler l’affectation de l’argent des impôts ?
On l'a vu lors des dernières manifestations, l'avant-garde protestataire des gilets jaunes ne cache pas ses accents xénophobes, homophobes et antisémites mais on ne peut pas réduire ce mouvement à ces extrêmes.
Parce qu’il ne faut pas croire que cette mobilisation inédite vient de nulle part : Il y a plusieurs références qui unissent ces "gilets jaunes" au-delà de la détestation de tout ce qui représente une élite politique ou médiatique. Le journal l’Opinion a étudié les pages Facebook et les échanges des "gilets jaunes" et deux références émergent : Coluche et l’Abbé Pierre. De manière plus humoristique les "gilets jaunes" s’identifient parfois à Jeff Tuche, ce personnage de la comédie populaire à gros succès, dont le troisième volet mettait les Tuches à l’Élysée.
C’est d’ailleurs le plus gros succès du box-office français de 2018… De là à dire que c'est un film prémonitoire ? Quoi qu'il en soit, il a été vu par plus de cinq millions Français. Les "gaulois réfractaires", l’expression du président, est aussi souvent détournée : les personnages Astérix et Obélix sont utilisés dans certains ronds point pour attaquer la politique présidentielle.
D’une manière plus politique, l’imaginaire commun des "gilets jaunes" s'organise autour des valeurs révolutionnaires et contestataires. Sur une photo partagée sur Facebook on peut lire :
"Bleue est notre colère,
Blanche est notre marche,
Rouge est notre colère."
Mais un parti bleu blanc jaune peut-il exister ? Les références à une galerie de personnages nationaux ne suffiront pas et la colère n'est pas un projet politique. Du moins c’était ce que l’on croyait du temps où la démocratie libérale se croyait éternelle. On sait que ce n’est plus le cas dans de nombreux pays. 2019 nous dira si la République française a dépassé ou non la ligne jaune.