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Les années passent et les relations entre le chef de l'Etat et son armée évoluent. Tranchant, voire même cinglant après son élection à la tête du pays, Emmanuel Macron se montre désormais plus conciliant avec les militaires. La confrontation directe a laissé place à une forme d'entente cordiale. 

Lundi, Emmanuel Macron s’est rendu au ministère de la Défense pour le discours aux armées, comme chaque veille de 14 juillet. "Je garderai le cap" a promis le chef de l’Etat aux militaires inquiets pour leur situation budgétaire. En trois ans, les relations entre Emmanuel Macron et l’armée ont évolué, passant de la confrontation directe à une forme de distance cordiale. 

On se souvient du fameux "je suis votre chef" de ce 13 juillet 2017. Une sentence du nouveau président de la République, juste avant de décapiter le général de Villiers, le chef d’état major qui contestait ouvertement les choix budgétaires du nouveau pouvoir. Emmanuel Macron, jeune président, avait opté pour la manière forte et installait une pratique verticale du pouvoir. Trois ans plus tard, les relations sont apaisées. Entre le président et les militaires, c’est une forme de distanciation polie et républicaine. On est passé de "je suis votre chef" à "je respecte votre fief".

On va dire les choses comme elles sont. Contrairement à ses prédécesseurs Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, les affaires militaires ne passionnent pas outre mesure Emmanuel Macron. D'où l'importance des mots rassurants du président lundi, car l’état major craint que des projets d'adaptation soient torpillés par la crise sanitaire : qu'il s’agisse du projet de nouveau porte avion ou des nouveaux défis de la cyberguerre et de la nouvelle bataille spatiale promise par le chef de l état l'année dernière. Quant à l'opération Barkhane au Sahel, où la situation s’est dégradée, elle coûte non seulement en hommes mais aussi en matériel.

C’est pourquoi les armées sont satisfaites de leur ministre Florence Parly qui réussit dans son rôle de bouclier budgétaire face aux assauts de Bercy toujours à la recherche de crédits à rogner. Signe de cette relation normalisée, les militaires ont accepté la décision d'Emmanuel Macron de sacrifier sur l’autel sanitaire leur défilé devant les Français. Un sacrifice important parce qu’ils se préparent durant toute l’année pour honorer ce lien entre la nation et son armée. C’est dire l’importance de ce sacrifice demandé par le chef des armées. Politiquement, le président a du mal à faire l’unité nationale. Les militaires lui fournissent au moins aujourd’hui la possibilité d'atteindre la concorde.