3:26
  • Copié

Si le Président de la République a échappé de peu au piège des théories complotistes, à cause de la controverse suscitée par sa gestion du cas Didier Raoult, Emmanuel Macron doit faire face désormais aux médecins et aux infirmiers, qui portent la colère des Français, comme les gilets jaunes avant eux. 

Le professeur Didier Raoult qui dirige le centre des maladies infectieuses de Marseille est devenu une figure centrale du débat sur la manière de combattre le coronavirus. La controverse s’est mise à alimenter les théories complotistes. Un piège pour Emmanuel Macron. A-t-il réussi à l’éviter ?

C’était moins une. Il n’y a pas encore si longtemps, le professeur Didier Raoult faisait partie de ce fameux conseil scientifique constitué autour du Président de la République pour l’aide à la prise de décision au sujet du coronavirus. Et Didier Raoult en faisait partie au nom de la diversité voulue par le chef de l’Etat. Comme on dit dans le jargon élyséen, la démarche était inclusive.

Mais voilà, Didier Raoult s’est retrouvé face à ceux qu’il n’apprécie pas : l’élite du corps médical, qui tiennent les positions académiques. En particulier Jerome Salomon, le directeur général de la santé qui en est le plus haut représentant, un opposant à Didier Raoult.

Lorsque Didier Raoult claque la porte du conseil scientifique, on prend la mesure à l'Elysée de la guerre de tranchées qui fait rage entre les médecins. La polémique Raoult, soutenu par des élus de droite, prend une tournure politique : Didier Raoult devient la figure du combat solitaire contre un système qui veut étouffer l’espoir qu'il suscite.

Même si Emanuel Macron a veillé à ne pas le brimer, il n’en fallait pas plus pour raviver les tentations complotistes et le ressentiment des gilets jaunes. Le hashtag "ils savaient" à répandu des récits fantasmatiques à connotation anti-élites. Autour du Président de la République, on considère que Didier Raoult n’est plus un sujet de polémique aujourd’hui. On verra cela dans les prochains jours, mais il est vrai qu'Emmanuel Macron a failli tomber dans le piège.

Pour autant, les motifs de colère ne sont pas retombés. Et on constate qu’elle est portée par les médecins en première ligne, qui pointent les carences tous les jours dans les politiques mises en place.

Oui, on découvre un nouveau contre-pouvoir : celui des responsables de services hospitaliers, qui sont très sollicités sur les plateaux, tout en passant de longues heures à combattre le virus. Leur parole est écoutée, ils s’expriment bien et portent chacun un sujet : les masques , la réanimation, la situation de l hôpital...

Ils sont sincèrement portés par l'intérêt des malades, il est vrai. Mais ils n’oublient pas de faire de la politique ou même de pouvoir tenir plusieurs discours à la fois face au pouvoir, ça dépend de la présence ou pas des médias.

L’exécutif doit désormais composer avec eux. Car dans leurs propos, ils parlent régulièrement de l’après et des explications que le gouvernement devra donner après la crise. C’est pourquoi les médecins de terrain sont plus inquiétants pour l’état major médical qui entoure le pouvoir. Parce que les braises des gilets jaunes sont toujours là. Et que la colère symbolisée par les ronds points en 2018 pourrait être portée par les médecins en 2020.