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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les 50 ans de la mort de Georges Pompidou, les conseils de Georges Clémenceau en temps de crise et l'école buissonnière d'Anatole France.

La France de Georges Pompidou

Je me souviens d’une France, où la croissance était de 6% par an.

Je me souviens de l’inauguration de l’aéroport de Roissy, du Concorde.

Je me souviens du lancement du TGV, de la construction des centrales nucléaires.

Je ne me souviens pas que l’on parlait de chômage, de dette, d’Abaya ou de France périphérique…

Je me souviens que le niveau de vie de la classe ouvrière augmentait.

Je me souviens que mes parents fumaient dans la voiture sans ceinture de sécurité.

Je me souviens d’un président amateur de poésie et d’art moderne.

Je me souviens du 2 avril 1974…

Je me souviens que L’ORTF avait interrompu les dossiers de l’écran pour nous annoncer la nouvelle. 

Je me souviens que le lendemain, le directeur de l’école communale Vigée Lebrun à Paris nous avait fait mettre en rang sous le préau pour une minute de silence.

Je me souviens de Georges Pompidou.

On n’excusera cet emprunt au Génial Georges Perec… Mais c’est exactement cela que l’on ressent à la lecteur des papiers d’hommage à l’ancien président de la République disparue il y a 50 ans jours pour jours…

« La nostalgie Pompidou » comme l’appelle Hubert Coudurier dans le Télégramme de Brest.

Alors, non, bien sûr, ces temps n’étaient pas idylliques rappelle Jean Michel Bezat du Monde. Mais pour vous replonger dans ces années lisez le long papier de Guillaume Perrault dans le Figaro et sa conclusion : « cette nostalgie ne s’explique pas seulement par le regret des 30 glorieuses, l’ancien Président avait le sens du devoir, gravité, solidité, clarté de la langue et des objectifs… Persévérance qui font cruellement défaut aujourd’hui »…

« Ça va très mal finir »

Et ce n’est pas David Djaïz qui dira l’inverse.

David Djaïz, son nom ne vous dit probablement rien mais c’est une des belles machines intellectuelles que sait encore produire la République. Normalien, inspecteur des finances prof a science po et enfin repéré par l’Elysée où il arrive en septembre 2022… Mais dont il claque la porte moins d’un an après ! Il s’en explique dans un livre et sur le site du Point.

Il raconte le dysfonctionnement français, « le déficit de pensée stratégique. La paperasse qui décourage les meilleures volontés dans les hôpitaux et dans les écoles… »

« J’ai vu de l’intérieur à quel point l’Etat était épuisé intellectuellement et opérationnellement… »

Ça va très mal finir prévient il… la France peut connaitre une énorme crise des finances publiques ou une révolte sociale à côté de laquelle les gilets jaunes et les agriculteurs sont des gâteaux apéritifs.  

Les conseils du Tigre

Alors que faire ?  Eh bien peut être suivre les conseils de Georges Clemenceau. C’est l’excellent Jean Marc Vittori des Echos qui a exhumé une circulaire de 1917…

« En temps de guerre il ne faut plus lambiner » affirmait-il.

Il est inadmissible écrit le Père la Victoire de voir par exemple deux bureaux entreprendre un échange de correspondance pour une information qu’aurait fourni une conversation de deux minutes… 

Voilà ce qu’écrivait bien des années avant l’invention du mail en copie… Et de la grève reconductible….

« L’insatisfaction permanente »

Ce qui nous amène à parler de celle des enseignants qui vont à nouveau cesser le travail aujourd’hui, deux semaines après la dernière grève, et 4 jours avant les vacances…

Dans Libération, les profs encore indécis trouveront plein de bonnes raisons pour laisser leurs élèves en plan et aller manifester.

Mais à la une de Ouest France, Jean Michel Djian, ancien rédacteur en chef au Monde de l’Education, se permet de leur rappeler certaines réalités.

Sous le titre l’insatisfaction permanente, il écrit : « Malgré ses 60 milliards de budget, son million d’enseignant, une activité syndicale au taquet, et des principes de précautions à tous les étages, l’insatisfaction y règne.  Viendra un moment où dépité par l’inertie de l’institution, les immenses talents qui s’y croisent voudront croiser le fer avec le réel c’est à dire avec le vraie vie ».

Et de rappeler qu’Anatole France, prix Nobel de Littérature 1921, affirmait que de toutes les écoles qu’il avait fréquentées, la meilleure, et de loin, fut l’école Buissonnière.