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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, l'enquête sur la disparition du petit Émile relancée par la découverte d'ossements du petit garçon.

La petite fleur de pissenlit

Il a une bonne bouille comme l’on dit. Celle d’un petit garçon a croquer avec ses cheveux blonds et cette petite fleur de pissenlit sur l’oreille gauche.  Mais le décalage entre la légèreté de ce cliché et la réalité de ce que nous savons nous plonge ce matin dans une immense affliction. 

Cette photo c’est celle du petit Emile Soleil que vous retrouverez quasi invariablement à la une des rares journaux qui paraissent aujourd’hui (Lundi de Pâques oblige).

« Le corps du petits Emile retrouvé » annonce sobrement le Progrès à Lyon. « La Fin macabre et le mystère » titre le Midi Libre. « Accident ou crime » s’interroge aussi le Dauphiné Libéré.

Le journal de la région du Haut Vernet qui tente évidemment de répondre à LA question que tout le monde se pose : Est-il possible que ces os retrouvés à moins de deux kilomètres du lieu de la disparition de l’enfant ait pu échapper aux nombreuses recherches, battues, au flair des chiens policiers, et ce depuis des mois ?

Alors la réponse est oui.

« En montagne on peut passer à côté d’un corps sans le voir. Cela nous est arrivé une multitude de fois de ne pas voir un corps au pied d’une falaise témoigne » un ancien secouriste grenoblois de la CRS des Alpes rapporte Denis Masliah.

« Il suffit parfois d’une lumière rasante, d’un contre-jour. Et c’est vrai que dans une végétation dense vous pouvez passer à deux mètres d’un corps sans le voir à fortiori d’un enfant aussi menu ».

L’Hypothèse accidentelle c’est aussi celle que privilégié ce matin Jacques Dallest. Cet ancien procureur général, spécialiste des cold case comme l’on dit, ces affaires qui restent longtemps non élucidées est interrogé dans de très nombreux journaux.

« Je suis plutôt sur l’hypothèse d’un accident » déclare-t-il à la Provence, qui consacre aussi 4 pages à l’affaire…

Accident mais cela peut être autre chose reconnait il prudent.

« Ceux qui ont des hypothèses absolues et définitive sont ceux qui peuvent se tromper ».

Alors bien sur maintenant la Police scientifique va travailler. Ces investigations vont durer entre des semaines et des mois précise encore la Provence mais ne nous emballons pas. Il y a de fortes chances pour que la science n’arrive pas à expliquer avec certitude ce qu’il s’est passé. 

Enfin, reste une autre énigme : Pourquoi cette affaire nous touche -t-elle autant ?  « C’est vrai que depuis 9 mois, tout le monde s’est demandé au moins une fois ce qui avait pu arriver à ce garçonnet » reconnait Damien Delseny, du Parisien Aujourd’hui en France.

Et pas seulement par curiosité morbide poursuit il… simplement parce que la disparition d’un enfant touche de plein fouet toutes celle et tous ceux… qui ont fait ce cauchemar une fois dans leur vie.. Celui de sa fille de son fils, qui disparait ».

Bref cette histoire nous touche parce qu’elle pourrait arriver à chacun d’entre nous.

Une fois cela dit, depuis le premier jour, rappelle le chef du service police justice du Parisien, La famille d’Emile a choisi le silence. Elle demande que soit respectée cette volonté.

C’est son droit le plus élémentaire.

Au-delà de la tragédie absolue, Emile doit donc rester dans nos mémoires ce beau petit garçon aux yeux espiègles avec cette petite fleur de pissenlit portée sur l’oreille gauche.

La fin des poissons d’avril

Dans les journaux ce matin, la liste des choses qui changent en ce premier avril. 

Le petit papillon vert de l’assurance auto qui disparait. Le contrôle technique pour les deux roues qui apparait.

Une chose en revanche qui a totalement disparu ce sont les blagues dans les journaux.

Les poissons d’avril spécialité de magazine comme Astrapi, mais traditions à laquelle les quotidiens pour les grands se pliaient de bonne grâce.

Mais c’est fini, les blagues ont été tuées par la hantise des fake news. À moins que cette info donnée par le Progrès soit une plaisanterie. 

Le prix de la solitude

Depuis ce matin nous dit le journal, vous pouvez visiter le Parthénon à Athènes, seul avec un guide avant l’ouverture au public. La magie de l’Acropole seul. Mais Cela vous coutera 5.000 euros !

Cela ne vous fait pas rire ? Vous avez raison ce n’est pas une blague.

Mais c’est un bon sujet de réflexion pour un lundi de Pâques pluvieux : La solitude qui n’avait pas de prix a t-elle désormais un tarif ? 

Est-ce une bonne idée de faire payer les riches ? Est-ce au contraire le symbole d’un état grec qui se couche devant le pouvoir de l’argent ?  

Cela pourrait sans doute faire un bon sujet pour Pascal Praud et Vous.

Le doute est permis

Mais je vous en propose un autre chose pour finir. Il pourrait faire aussi un bon débat même si notre Pascal ne serait pas le mieux placé pour le mener puisqu’il s’agit en partie de lui…

Hier dans sa chronique hebdomadaire dans le JDD Praud a choisi un sujet pas facile. Compliqué parce qu’aujourd’hui dans notre société, les médias, dans les diners parisiens, il est sans doute plus facile de parler de son orientation sexuelle que de sa pratique religieuse.  

Or justement Pascal a décidé de parler de sa foi, de ce en quoi il croit de ce en quoi il doute bref de l’intime. Sujet rarement traité à la première personne du singulier par un commentateur d’actualité… Mais peut être les choses sont-elles en train de changer….

Parce que Pascal n’est pas seul…

Hier, dans le même JDD, Gaspard Proust nous apprenait qu’il y a un an, il a décidé de se faire baptiser. Et Gaspard de se faire, non pas grave, mais en tous cas profond : « Ne pas avoir été baptisé à la naissance fut une chance, écrit-il. Ainsi au moins la voie était dégagée pour permettre la rencontre de se faire en pleine liberté ».

« Rencontre inattendue, progressive, tortueuse parfois, pleine d’humour souvent, délicate toujours. Un chemin presque malgré moi, fait de tâtonnements, striés de fulgurance. »

Lisez cette chronique, si ce n’est encore fait. Et puis quelques pages plus loin celle de Praud et son pari pascalien : « J’ai 59 ans, je ne sais toujours pas si je crois en Dieu -écrit notre ami… Croire c’est douter, seuls ceux qui croient doute écrit quelques part François Mauriac.

Et le doute qui est donc le propre du croyant est sans doute aussi l’apanage du bon journaliste.