Chaque matin, Samuel Etienne revient sur ce qui fait la Une des quotidiens nationaux.
Elle est quand même toute bizarre la Une de Libération.
Le président Macron les yeux explosés, exorbités et remplacés par deux moitiés d'orange.
L'explication vient avec le titre : "Bayrou out, pas de quartiers !".
Toutes les Unes de vos journaux ne tentent pas l'improbable jeu de mot, mais toutes évoquent en revanche la démission du Garde des Sceaux et le remaniement opéré par le chef de l'État.
"Bayrou, un petit tour et puis s'en va", nous dit L'Humanité
Et les éditorialistes ne sont pas tendre avec le président du Modem.
Pour Le Figaro, Bayrou est victime d'une "machine infernale qu'il a lui-même grandement contribué à mettre en place".
"Arroseur arrosé, dégageur dégagé", dit encore L'Opinion.
François Bayrou et Marielle de Sarnez avaient tellement cogné sur François Fillon, écrit Nicolas Beytout, tellement flétri sa candidature entachée par les affaires, que les soupçons pesant sur eux étaient en retour devenus insupportables".
Et voilà une "première crise politique" pour le président Macron, estime L'Opinion.
C'est aussi l'avis du Parisien-Aujourd’hui en France, qui voit déjà le chef de l'État "à la recherche du second souffle".
"Lui qui prétend donner le tempo, en maître des horloges à la Mitterrand, s'est vu dépassé par les départs en cascades de ses ministres".
Libération ne partage pas l'analyse.
Libé a même le sentiment inverse et voit pour Macron "un effet d'aubaine".
Un président "débarrassé des ministres Modem un peu envahissants sans se les mettre à dos".
Et voilà l'occasion pour Macron "de faire entrer au gouvernement des hommes et des femmes dont il est sûr".
Libé estimant que "l'ambition secrète du président est de réduire le gouvernement à une assemblée d'experts".
Une voix dissonante s'élève toutefois.
"La transparence, jusqu'où ?" s'interroge ce matin La Croix pour qui, il est déraisonnable d'anticiper à ce point sur ce qui ressortira des enquêtes.
Il est bien sûr là question du départ de Bayrou.
Pour le journal "les excès d'une opération mains propres à la Française risquent de ne conduire qu'à un champ de ruines. L'expérience italienne devrait nous faire réfléchir. Souvenons-nous que Mani Pulite a débouché sur 15 ans de pouvoir berlusconien".
Le paradoxe : quand l'exigence démocratique débouche sur le plus pur des populismes.