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Alors que la population de Rouen s'inquiète d'une pollution nocive pour la santé suite à l'incendie de Lubrizol, Fanny Agostini s'interroge sur les végétaux capables de favoriser une dépollution.

Remédiation végétale

L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen nous oblige à nous interroger sur la nature des polluants libérés dans l’atmosphère et l’impact que cet accident pourrait avoir sur la santé humaine et l’environnement. Seul le temps pourra nous permettre de comprendre les effets d’un tel incident. Nos machines et notre technologie peinent à fournir des données précises quant à la composition exacte de l’atmosphère, mais il se pourrait que des indicateurs naturels puissent nous procurer rapidement des informations.

Il s’agit par exemple des lichens, des organismes symbiotiques issus de la fusion entre un champignon et une algue, qui sont particulièrement sensibles à la qualité de l’air. Les scientifiques utilisent mêmes ces espèces comme témoins de la pollution atmosphérique. C’est aussi le cas des bryophytes (qu’on appelle communément "mousses"), des choux fourragers et de nombreuses autres espèces végétales.

La nature ne s’arrête pas là. Il existe des mécanismes d’absorption des particules atmosphériques et ces mécanismes sont en mesure d’atténuer le pouvoir polluant de certains composés. Prenons l’exemple d’un arbre feuillu, qui s’élève à plus 15 mètres au-dessus du sol. L’évolution lui a permis de développer des organes admirablement sophistiqués, de véritables usines à produire de l’énergie : les feuilles.

Ces feuilles sont le siège de la photosynthèse, un mécanisme qui permet de puiser le dioxyde de carbone atmosphérique pour le transformer en matière organique. Il suffit d’un rayon de lumière pour que cette formidable transmutation puisse avoir lieu. Lors de ce processus, un "déchet" (pourtant essentiel à l’ensemble du monde vivant) est créé, il s’agit de l’oxygène. Tous ces échanges gazeux se font au travers de petits orifices que l’on trouve à la surface des feuilles et qui portent le nom de stomates.

À l’autre extrémité de l’arbre, des racines plongent dans le sol pour puiser l’eau et les minéraux essentiels à la croissance. Cette absorption se produit grâce à des poils absorbants qui se développent sur la totalité du réseau racinaire afin d'accroître la zone d’échange avec le sol. Les racines se développent rarement à plus d’un mètre de profondeur, elles s’étendent le plus souvent latéralement, perpendiculaires au tronc.

Un arbre pouvant porter jusqu’à plus de 800.000 feuilles et étendre son système racinaire sur plusieurs dizaines de mètres, la surface totale d’échange d’un seul végétal pourrait s’étendre sur plus de 200 hectares, soit la superficie d’une ville comme Monaco. D’après les dernières estimations, la Terre porte plus de 3.000 milliards d’arbres, ce sont tout autant d’usines à transformer les particules polluantes et qui possèdent la capacité de régénérer notre atmosphère.

Bien sûr, il existe autant de types d’interaction entre la pollution et les végétaux qu’il existe de composés chimiques créés par l’Homme. On compte plus de trois millions de substances étrangères à la vie qui sont nées de l’industrie. Il est impossible de prévoir comment la vie va évoluer pour y faire face. Ce qui est sûr par contre, c’est qu’elle trouvera toujours un moyen de changer et de s’adapter.