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Depuis sa ferme pédagogique installée à Boisset en Haute-Loire, Fanny Agostini revient sur le lien très spécial qu'entretenait Jacques Chirac avec les paysans et le monde agricole.

La mort de Chirac n’a pas laissé insensible chez en Auvergne, les témoignages des agriculteurs qui vous entourent sont assez unanimes ?

C’est assez intéressant de voir les réactions des uns et des autres en Auvergne, Jacques Chirac inspirait de la sympathie au monde paysan même pour ceux qui disent n’avoir jamais voté pour lui. Au-delà des fonctions politiques qu’il a pu occuper, cet homme avait des racines paysannes et a su en faire un atout cœur. Il savait en jouer et pour cela, il a juste été lui-même, il ne trichait pas car il aimait profondément la bonne tête de veau, le pâté et le saucisson. Il ne faisait pas de chichi, Chirac. Il tutoyais les paysans qui le tutoyaient en retour. En un mot, il ne paraissait
pas hors sol, une qualité suffisamment rare pour être remarquée dans la sphère politique.

Un homme proche de la ruralité et qui a laissé des traces concrètes par son action politique en faveur des agriculteurs ?

D’un point de vue action politique, les Auvergnats se souviennent quand il a été nommé ministre de l'Agriculture et du Développement Rural dans le gouvernement de Pierre Messmer, sous Pompidou. En 1973, C’est lors d’une de ses visites au Congrès des agriculteurs de montagne à Clermont-Ferrand qu’il a instauré l’indemnité compensatoire aux handicaps naturels (ICHN), une aide qui est fondamentale pour soutenir les agriculteurs installés dans des territoires où les conditions de productions sont plus difficiles qu’ailleurs du fait des contraintes naturelles. Une aide qui est toujours d’actualité. En 2017, près de 95.000 agriculteurs ont pu en bénéficier grâce à Monsieur Chirac.

C’est ce lien à la terre qui aura marqué les esprits et c’est la trace qu’il laissera ?

C’est ce qui ressort en milieu rural, un attachement chiraquien à la terre qui devrait simplement nous rappeler au lendemain de sa disparition que plus que jamais la paysannerie doit retrouver ses lettres de noblesses. Que les questions éminemment d’actualité d’ordre climatiques, de
santé publique et de durabilité ne pourront se faire sans un monde paysan perçu comme un organe vital du pays.