"Nous sommes devenus des parasites nuisibles pour nous-même et çà c'est une grande première dans la nature"

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Ce mercredi, Fanny Agostini présente l’Azuré des mouillères, un papillon bien roublard qui en dit beaucoup sur nous.

Ce matin Fanny vous faites le focus sur une espèce qui a un comportement douteux dans la Nature, parmi toutes les expressions liées au monde animal, on pourrait dire: rusé comme un renard, malin comme un singe et aussi roublard comme un papillon, les papillons seraient en fait de gros arnaqueurs?

Ils sont pas tous réglo les papillons et un en particulier un avec qui je suis tombée nez à nez hier, c’est l’Azuré des Mouillères, j’étais tellement heureuse d’en voir un car c’est un papillon qui est en train de disparaître. C'est un très joli papillon bleuté sur le dessus et ocre en dessous des ailes mais qui a en revanche la sale manie d'embobiner les fourmis qui se font totalement bernés par lui...enfin surtout par sa larve.

Comment les fourmis se font-elles avoir? 

C’est très ingénieux ! La larve va diffuser dans l’air des phéromones, c’est un mimétisme chimique, une imitation du parfum de la fourmi en quelques sortes. Les fourmis vont alors confondre la larve du papillon en la prenant pour l’une des leurs, elles vont l’emmener dans leur fourmilière bien douillette, la bichonner et la nourrir tous les jours et cela pendant tout l’hiver ! Jusqu’à ce qu’un beau matin de printemps, la larve dodue arrête de diffuser des phéromones façon fourmi, se transforme en papillon et se carapate vers la sortie pour prendre son envol sans aucune rétribution ni même un seul merci à ses hôtes pour le gîte et le couvert ! 

Pas très classe comme façon de faire en effet mais qu’est ce que cela nous apprend Fanny? 

Déjà on peut être émerveillé par tant d’ingéniosité et de tactique du papillon- même si au final la relation papillon/fourmis est purement utilitariste, c’est ce que l’on appelle ni plus ni moins du parasitisme! et çà çà devrait nous rappeler quelqu’un…ça doit nous faire penser à nous en fait. Ce comportement on pourrait le comparer au notre: notre tendance à prendre dans la nature sans donner, à extraire sans restituer, à exploiter sans contrepartie !

Nous sommes, nous humains, des Azurés des Moulières, mais version XXL. C’est du parasitisme de haut niveau, à une autre échelle et avec des conséquences qui rétro-agissent sur notre habitat et nos conditions de vie. Dit autrement, nous sommes devenus des parasites nuisibles pour nous-même et çà c'est une grande première dans la nature ! Arrêtons de faire comme cet ingrat d’Azuré des Moulières et si nous devons nous inspirer du vivant soyons d’avantage des abeilles qui elles sont plutôt tournées vers échange, la symbiose et dans une relation à bénéfice mutuel avec la nature !

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