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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Vendredi, c’était le black Friday, tradition commerciale américaine très décriée parce qu’elle incite à l’achat compulsif. Mais l’Ademe, l’agence de la transition écologique veille. Elle fait la promotion depuis l’an passé d’une méthode qui invite à réfléchir à ce dont on a vraiment besoin avant de dépenser : La méthode "Bisou".

Quand les agences gouvernementales prennent les citoyens pour des enfants, ça donne ça, la méthode BISOU, chef d’oeuvre de paternalisme mièvre créée par deux militantes écologistes. L’Ademe la reprend à son compte et propose donc aux citoyens de s’en servir pour évaluer tous leurs achats

Ça donne quoi , cette méthode "Bisou" ?

On passe en revue les lettres du mot "BISOU", comme une comptine bébête, avant de se décider à passer à la caisse.

B comme besoin. Est-ce que tu as vraiment besoin de cet objet?  I comme immédiat. Est-ce que tu es sûr d’en avoir besoin maintenant ?  S comme semblable. Tu n’as pas déjà quelque chose de similaire ? O comme origine. D'où vient cet objet?  est-ce qu’il est bien responsable?  Et U comme Utile : est-ce  que tu ne  vas gaspiller comme un irresponsable?  Et l’Ademe, mère supérieure de couvent, directrice de conscience de la consommation, sermonne ses ouailles : “ est-ce que cet achat va apporter un réel confort essentiel ?”Apprends à faire la différence entre tes envies, tes désirs et tes besoins, cher citoyen. Mouche ton nez, dis bonjour à la dame.

Après tout, pourquoi pas ? Il est bon de se poser des questions, pour éviter de surconsommer, de surdépenser.

 Je suis d’accord. Mais à ce compte-là, si nous, les citoyens, devons être chapitrés gomme des gosses pour chacun de nos mouvements et pour l’usage de notre argent, exigeons la cohérence. Demandons à l’Etat de s'autoévaluer pour chacune des mesures qu’il prend, pour chacune des agences qu’il finance, pour chacune des campagnes moralisatrices qu’il mène, avec l’argent de la collectivité, le nôtre.

Une méthode ?

Après des recherches approfondies menées sur un coin de canapé, Emmanuelle Ducros a élaboré l’outil idéal d’appréciation des politiques publiques, des agences et des dispositifs nouveaux, la méthode CALIN. Même principe que BISOU, on passe les lettres en revue.
C comme coûteux. Est-ce que la politique publique est chère pour la collectivité?  A comme alambiqué. Est-ce que le dispositif est une usine à gaz qui crée plus de problèmes que de solutions ? L comme Liberticide. Est-ce qu’une politique publique sait mieux que nous ce que nous devons faire dans notre vie privée ? I comme infantilisante. Est-ce que le citoyen est considéré comme un enfant incapable faut éduquer, chapitrer et assister? N comme nul. Est-ce que ça produit vraiment un effet, ou est-ce que c’est du jus de crâne de gens qui justifient leur salaire ?
Exercice pratique. Appliquons la méthode CALIN à l’Ademe, 4.2 milliards d’euros de budget pour produire des études partisanes à la pelle, de la désinformation antinucléaire, de la moraline et des méthodes BISOU débilitantes. Posons-nous les bonnes questions.